25 avril 2010

24.Kaikoura... ou Kaikoura pas

Prendre le bus pour se diriger vers la prochaine étape? Ça aurait été tellement simple... Nous, on préfère l'aventure.




Nous pensions trouver un(e) automobiliste se rendant directement à l'endroit souhaité (qui n'était pas franchement éloigné), mais ce ne fut pas le cas. Nous avons avancé par sauts de puce dans un paysage aride d'un côté,




viticole de l'autre



(nous étions quand même dans la plus grande région productrice de vin de la NZ, Marlborough), pour nous retrouver coincées sur une grande route où personne ne ralentissait à notre vue... et à notre grand désespoir.
Jusqu'à ce qu'un serviable camionneur spécialisé dans la moule (mais transportant des raisins en cette saison, on a eu chaud) prenne pitié de nous et fasse un détour pour nous déposer

prête pour le grand saut

près d'une station service culturelle




où une autre camionneuse nous a conseillé de rejoindre le pub voisin (qui faisait aussi motel) avant la tombée de la nuit. Ce que nous avons fait.

une lumière dans la nuit

Autour d'une table de billard,

attention, risque de collision frontale (ou coup de boule) avec un cerf. J'y ai échappé de peu (par contre, j'ai envoyé une boule dans le trou: la noire, comme d'hab)

nous avons sympathisé avec 4 « old men beard killers », autrement dit des saisonniers locaux qui depuis 3 mois tentent d'éradiquer une mauvaise herbe locale (plus de détails après).
Nos nouveaux potes nous ont proposé le gîte et c'est ainsi qu'après avoir coursé un cerf kamikaze en 4x4

accélère si tu ne veux pas terminer en terrine... ou en trophée au-dessus d'un billard

et failli rendre notre dîner


noix de Saint-Jacques au bacon. Miam


dans les secousses des chemins sinueux et hypercaillouteux, nous avons atterri dans une cabane au fond des bois et avons terminé la soirée autour d'un feu de cheminée.



Elle est pas belle, la vie? Il ne manquait plus que la peau de bête (la housse de canapé parfum chien mouillé en a fait office) et le vin chaud (on en a eu du froid).
Je m'attendais à dormir dans une grange à même le sol ou (hypothèse haute) la paille, et nous nous sommes retrouvées dans une vraie chambre dans un vrai lit qu'un des gars nous a galamment laissé....
Le lendemain, nos hôtes étant vaillamment partis traquer la mauvaise herbe dès 7h, nous avons traîné à la maison en attendant leur retour. Quel bonheur d'avoir enfin un peu de temps pour nous seules. Après une bonne grasse mat, j'ai enchaîné avec un jogging qui m'a confirmé que nous étions vraiment au milieu de la pampa: des cailloux, des arbres, des moutons qui fuyaient bravement en m'apercevant au loin, des mouettes hurleuses qui indiquaient la proximité de la mer, et, en décor, des montagnes dorées.

vous comprenez mieux l'utilité d'un 4x4, maintenant?

C'est tout. Pas l'ombre d'un voisin ni d'une voiture.
J'ai pu faire mes étirements en toute tranquillité

admirez en arrière-plan les pommes de pin qui poussent à même le tronc d'arbre

Le reste de la journée a passé très vite, entre manucure, pédicure, épilation, lecture et écriture (cherchez l'intrus)...
Les garçons étaient censés rentrer du labeur vers 16h et nous déposer au bord de la route (à plusieurs kilomètres) pour que nous puissions atteindre avant la nuit Kaikoura, qui n'était plus qu'à 1h de route environ (à l'heure actuelle je ne sais toujours pas où nous étions). La vaisselle faite, nous les avons attendus sagement devant la télé, découvrant avec stupéfaction Power ranger (ou une japoniaiserie du genre) en maori(vous ne devinerez jamais sur quelle chaîne: Télé Maori) et la nouvelle star version kiwi (un massacre). Deux épisodes des Simpsons en VO plus tard, toujours personne... nous commençons à nous demander si nous devons nous faire du souci pour eux... ou pour nous-mêmes.
Un bruit de voiture à 17h30 (autrement dit à la nuit déjà tombante)... Anke attrape sa bombe lacrymo périmée depuis 2005, je révise mentalement mes meilleures prises de judo (je suis allée jusqu'à la ceinture blanche-jaune, quand même)... pour accueillir trois garçons tout contrits et épuisés qui avaient crevé en cours de route.
Pour se faire pardonner, ils nous ont fait la cuisine (sans boîtes ni surgelés) et emmenées regarder les étoiles à la plage, l'endroit où nous étions étant « light pollution free » car à des années lumière de la ville la plus proche. Nous avons traqué l'étoile filante (avec succès) pendant une heure dans la nuit fraîche sans attraper de torticolis ni de rhume. Comment est-ce possible?

(énigme du jour) (réfléchissez un peu avant de lire la réponse, quand même. Dommage que je ne puisse pas l'écrire à l'envers comme la solution des hilarantes devinettes Carambar)

Réponse: il suffit d'emporter un matelas et des couvertures, tout naturellement. Je n'arrive toujours pas à croire que des garçons faisant preuve d'aussi peu de sens commun dans une cuisine (en témoignent les casseroles encore à moitié pleines plongées dans l'eau de vaisselle) peuvent en avoir autant dans une telle situation.
Confortablement allongée (m'asseyant cependant à intervalles réguliers pour avaler une gorgée de vin), j'ai appris à m'orienter à l'aide d'une constellation qu'on ne voit que de l'hémisphère sud (cross star ou quelque chose du style, j'ai la mémoire approximative), ça peut toujours servir on sait jamais, si on se retrouve perdues dans le désert au milieu de la nuit... Bref, je me suis couchée moins bête ce soir là...
...pour me lever aux horreurs le lendemain.
Nos hôtes nous avaient suggéré une petite rando matinale aux « saw cut gorges » voisines, inconnues des touristes (tu m'étonnes) et valant pourtant le détour à leur avis. C'est simple comme bonjour, vous suivez la rivière et les balises oranges,vous y serez en 1h30, nous avait dit Nick, tranquille trentenaire gypsie (comme il s'autoproclame). Heureusement que ses 2 camarades désherbeurs ont séché leur dernier jour de travail (ouh les vilains) pour nous accompagner... je ne serais pas là en train d'écrire, sinon. Nick avait juste omis de préciser que les 1h30, c'était pour un gorille ou un homme de la montagne. Il avait aussi oublié de dire qu'il faudrait traverser la rivière glacée tous les 30 mètres, sauter d'une pierre glissante à l'autre, escalader des rocs, s'agripper à des troncs d'arbres, passer à travers des buissons de roses, et j'en passe.

après avoir enlevé et remis mes chaussures une dizaine de fois pour traverser la rivière, j'ai capitulé et ai testé leur waterproofeté qui est absolument nulle... surtout quand on a de l'eau jusqu'à mi-cuisse.

En chemin, nous avons vu de plus près la vermine qu'exterminent nos gaillards à titre expérimenatal pour le compte du DOC (Department of Conservation):

la fleur du mal

Cette saleté, récemment apparue en NZ (importée de je ne sais plus où), s'installe au sommet des arbres, leur piquant leur lumière et provoquant leur mort à petit feu.




Nous avons compris pourquoi les Néozélandais sont si pointilleux à la douane en ce qui concerne le matériel de camping, les chaussures de rando... ils veulent tout simplement éviter qu'on leur importe des nouvelles cochonneries.
Les garçons ont effectué un travail d'orfèvre ces 3 derniers mois, éradiquant le mal à la racine arbre par arbre dans un périmètre restreint...

Je reviens à notre rando, ou plutôt devrais-je dire à notre odyssée: au bout de 3 heures, n'étant toujours pas arrivés à l'endroit que nous étions censées atteindre au bout de 90mn, nous nous sommes octroyé une pause




et avons fait demi-tour. Courbaturées pour le reste de la semaine (je crois savoir ce que ça fait physiquement d'avoir 90 ans), mais contentes. Le paysage en valait la peine:





De retour à la ferme, un autre challenge nous attendait: le grand ménage pré-départ en un temps record. Les garçons n'attendaient pas que nous les aidions mais nous nous sommes senties moralement obligées. Essayez d'imaginer à quoi pourrait ressembler une colocation de 4 mâles après 3 mois. Le cauchemar de la ménagère. A moins d'avoir une journée entière devant soi (or, nous avions 1h), seul un travail de gros est possible. Le cauchemar de la perfectionniste que je suis. Figurez-vous que j'ai dû nettoyer GROSSIEREMENT une cuisine, renonçant à gratter les traces de sauce tomate au mur (très « massacre à la tronçonneuse » comme déco) et à enlever les dizaines de cadavres de mouches qui gisaient sur le rebord de la fenêtre et les étagères. Je m'en réveille encore la nuit.
Quand je pense que la première chose je m'étais dite en entrant dans cette baraque, c'était: « ouh, je n'aimerais pas faire le ménage là-dedans »... Le hasard est cruel.
M'enfin... nous ne regrettons rien de notre sympathique escapade à la campagne.
Ce décrassage effectué, nos gentlemen nous ont déposées à Kaikoura... enfin.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

"un serviable camionneur spécialisé dans la moule": ça glousse en salle des profs ...

Mélanie a dit…

Je m'en doute... c'est bien à votre intention que j'avais précisé ce détail de la plus haute importance.

Anonyme a dit…

quand je serai grand, je serai nouveau camionneur zélandais