25 avril 2010

25.Kaikoura bien qui kaikoura la dernière

« Swim with dolphins »... encore un des rêves de petite fille d'Anke (elle est mignonne, hein?) qui me faisait rouler par terre de rire à chaque fois qu'elle l'évoquait. Je dois dire à sa décharge qu'elle souffre d'un grave traumatisme animalier datant de l'enfance. A l'âge de 7 ans, elle a loupé l'occasion en or de nager avec des tortues géantes (quelque part en Amérique du Sud), par pure couardise, alors qu'elle en mourait d'envie. Aujourd'hui, c'est son plus grand regret. Alors comprenez qu'elle ne pouvait pas passer à côté des dauphins dont regorge le littoral de Kaikoura.
Une fois de plus, j'ai dit, conciliante: « allez, pourquoi pas? ». Je m'imaginais en bikini dans une piscine patauger avec Flipper et ses amis... Une fois de plus, je suis tombée dans un traquenard et ai moins fait la maligne une fois le moment arrivé. Après avoir été forcée d'enfiler un ridicule costume de femme-grenouille, j'ai frôlé l'hypothermie et la noyade au milieu d'une mer déchaînée avec une horde de dauphins sauvages qui me couraient après et une bande d'abrutis qui poussaient des cris allant de la chèvre au youyou marocain.
Bon j'admets, je noircis un peu le tableau. Ce fut globalement une très bonne expérience. Après la séance de déguisement, on nous a passé un petit film informatif, nous prévenant entre autres que les « dusky dolphins »que nous allions voir étaient 100% sauvages et qu'il ne fallait pas s'attendre à ce qu'ils viennent spontanément faire joujou avec nous: « Sometimes the dolphins are interested. Sometimes not ».
Ces choses mises au clair, un bateau nous a emmenés à une dizaine de minutes du littoral sur une mer assez agitée, ce qui a été suffisant pour déclencher chez Anke un bon vieux mal de mer (qui lui a passé pendant la séance de natation, mais a repris de plus belle après).
Le moment de plonger est arrivé... vous n'allez pas le croire, mais j'avais presque plus peur qu'à l'instant où j'ai dû sauter de l'avion en parachute. A 4700m d'altitude, au moins, il n'y a pas de vilains animaux sauvages susceptibles de venir vous croquer le bout des palmes, et puis il y a Brad pour vous protéger.
Comme je suis une grande fille courageuse, j'ai sauté quand même dans l'océan glacé qui a vite fait de transpercer ma combinaison. Après avoir manqué de peu la mort par suffocation avec le masque de plongée dont j'ai mis un moment à comprendre le système (ahhhh, ce n'est pas par le nez qu'il faut inspirer), je me suis concentrée sur l'objet de mon déplacement: les dauphins. On nous avait conseillé, pour les faire venir à nous, de faire des « dolphin-like noises »... le problème c'est que j'avais aucune idée des sons émis par le dauphin, n'ayant pas regardé Flipper dans ma jeunesse, et l'initiation à la langue dauphine n'étant pas incluse dans le prix de l'expédition. Je m'étais dit que j'allais copier sur mes camarades... mais j'ai vite changé d'avis en les entendant. Autour de moi, une véritable cacophonie. Bêlements, roucoulements, glapissements, CNI (cris non identifiés)... rien de très dauphinesque à mon humble avis. J'ai pensé que ces pauvre dauphins en avaient très certainement assez de se faire alpaguer tous les jours par des touristes imbéciles qui n'ont aucune idée de leur langage, et ai développé ma propre tactique: le foutage de paix, autrement dit: le silence. De toute façon, j'avais la bouche pleine (tuba) et mes parents m'ont toujours dit que ce n'était pas poli de parler la bouche pleine. Je pensais que ma tactique marchait pas mal .En une demi-heure, j'ai vu de très près plusieurs dauphins passer en-dessous de moi dans l'eau et la queue de certains à la surface. Sans compter ceux qui faisaient des sauts à quelques mètres. J'étais satisfaite... jusqu'à ce qu'Anke me raconte, verte (mal de mer) mais enchantée, que les dauphins étaient venus à elle par dizaines, faisaient des figures autour d'elle, et que l'un semblait même la suivre (encore un admirateur de plus). Son secret? Elle a tenté plusieurs chansons sans grand succès, et après avoir trouvé un air qui avait l'air de plaire aux dauphins, elle en a fait des variations sur plusieurs ton et à plusieurs vitesses. Après le joueur de flûte de Hamelin, la fredonneuse de Kaikoura?! En entendant cela, je suis devenue verte moi aussi... de jalousie.
La prochaine fois, je tente la Marseillaise. Non mais.

24.Kaikoura... ou Kaikoura pas

Prendre le bus pour se diriger vers la prochaine étape? Ça aurait été tellement simple... Nous, on préfère l'aventure.




Nous pensions trouver un(e) automobiliste se rendant directement à l'endroit souhaité (qui n'était pas franchement éloigné), mais ce ne fut pas le cas. Nous avons avancé par sauts de puce dans un paysage aride d'un côté,




viticole de l'autre



(nous étions quand même dans la plus grande région productrice de vin de la NZ, Marlborough), pour nous retrouver coincées sur une grande route où personne ne ralentissait à notre vue... et à notre grand désespoir.
Jusqu'à ce qu'un serviable camionneur spécialisé dans la moule (mais transportant des raisins en cette saison, on a eu chaud) prenne pitié de nous et fasse un détour pour nous déposer

prête pour le grand saut

près d'une station service culturelle




où une autre camionneuse nous a conseillé de rejoindre le pub voisin (qui faisait aussi motel) avant la tombée de la nuit. Ce que nous avons fait.

une lumière dans la nuit

Autour d'une table de billard,

attention, risque de collision frontale (ou coup de boule) avec un cerf. J'y ai échappé de peu (par contre, j'ai envoyé une boule dans le trou: la noire, comme d'hab)

nous avons sympathisé avec 4 « old men beard killers », autrement dit des saisonniers locaux qui depuis 3 mois tentent d'éradiquer une mauvaise herbe locale (plus de détails après).
Nos nouveaux potes nous ont proposé le gîte et c'est ainsi qu'après avoir coursé un cerf kamikaze en 4x4

accélère si tu ne veux pas terminer en terrine... ou en trophée au-dessus d'un billard

et failli rendre notre dîner


noix de Saint-Jacques au bacon. Miam


dans les secousses des chemins sinueux et hypercaillouteux, nous avons atterri dans une cabane au fond des bois et avons terminé la soirée autour d'un feu de cheminée.



Elle est pas belle, la vie? Il ne manquait plus que la peau de bête (la housse de canapé parfum chien mouillé en a fait office) et le vin chaud (on en a eu du froid).
Je m'attendais à dormir dans une grange à même le sol ou (hypothèse haute) la paille, et nous nous sommes retrouvées dans une vraie chambre dans un vrai lit qu'un des gars nous a galamment laissé....
Le lendemain, nos hôtes étant vaillamment partis traquer la mauvaise herbe dès 7h, nous avons traîné à la maison en attendant leur retour. Quel bonheur d'avoir enfin un peu de temps pour nous seules. Après une bonne grasse mat, j'ai enchaîné avec un jogging qui m'a confirmé que nous étions vraiment au milieu de la pampa: des cailloux, des arbres, des moutons qui fuyaient bravement en m'apercevant au loin, des mouettes hurleuses qui indiquaient la proximité de la mer, et, en décor, des montagnes dorées.

vous comprenez mieux l'utilité d'un 4x4, maintenant?

C'est tout. Pas l'ombre d'un voisin ni d'une voiture.
J'ai pu faire mes étirements en toute tranquillité

admirez en arrière-plan les pommes de pin qui poussent à même le tronc d'arbre

Le reste de la journée a passé très vite, entre manucure, pédicure, épilation, lecture et écriture (cherchez l'intrus)...
Les garçons étaient censés rentrer du labeur vers 16h et nous déposer au bord de la route (à plusieurs kilomètres) pour que nous puissions atteindre avant la nuit Kaikoura, qui n'était plus qu'à 1h de route environ (à l'heure actuelle je ne sais toujours pas où nous étions). La vaisselle faite, nous les avons attendus sagement devant la télé, découvrant avec stupéfaction Power ranger (ou une japoniaiserie du genre) en maori(vous ne devinerez jamais sur quelle chaîne: Télé Maori) et la nouvelle star version kiwi (un massacre). Deux épisodes des Simpsons en VO plus tard, toujours personne... nous commençons à nous demander si nous devons nous faire du souci pour eux... ou pour nous-mêmes.
Un bruit de voiture à 17h30 (autrement dit à la nuit déjà tombante)... Anke attrape sa bombe lacrymo périmée depuis 2005, je révise mentalement mes meilleures prises de judo (je suis allée jusqu'à la ceinture blanche-jaune, quand même)... pour accueillir trois garçons tout contrits et épuisés qui avaient crevé en cours de route.
Pour se faire pardonner, ils nous ont fait la cuisine (sans boîtes ni surgelés) et emmenées regarder les étoiles à la plage, l'endroit où nous étions étant « light pollution free » car à des années lumière de la ville la plus proche. Nous avons traqué l'étoile filante (avec succès) pendant une heure dans la nuit fraîche sans attraper de torticolis ni de rhume. Comment est-ce possible?

(énigme du jour) (réfléchissez un peu avant de lire la réponse, quand même. Dommage que je ne puisse pas l'écrire à l'envers comme la solution des hilarantes devinettes Carambar)

Réponse: il suffit d'emporter un matelas et des couvertures, tout naturellement. Je n'arrive toujours pas à croire que des garçons faisant preuve d'aussi peu de sens commun dans une cuisine (en témoignent les casseroles encore à moitié pleines plongées dans l'eau de vaisselle) peuvent en avoir autant dans une telle situation.
Confortablement allongée (m'asseyant cependant à intervalles réguliers pour avaler une gorgée de vin), j'ai appris à m'orienter à l'aide d'une constellation qu'on ne voit que de l'hémisphère sud (cross star ou quelque chose du style, j'ai la mémoire approximative), ça peut toujours servir on sait jamais, si on se retrouve perdues dans le désert au milieu de la nuit... Bref, je me suis couchée moins bête ce soir là...
...pour me lever aux horreurs le lendemain.
Nos hôtes nous avaient suggéré une petite rando matinale aux « saw cut gorges » voisines, inconnues des touristes (tu m'étonnes) et valant pourtant le détour à leur avis. C'est simple comme bonjour, vous suivez la rivière et les balises oranges,vous y serez en 1h30, nous avait dit Nick, tranquille trentenaire gypsie (comme il s'autoproclame). Heureusement que ses 2 camarades désherbeurs ont séché leur dernier jour de travail (ouh les vilains) pour nous accompagner... je ne serais pas là en train d'écrire, sinon. Nick avait juste omis de préciser que les 1h30, c'était pour un gorille ou un homme de la montagne. Il avait aussi oublié de dire qu'il faudrait traverser la rivière glacée tous les 30 mètres, sauter d'une pierre glissante à l'autre, escalader des rocs, s'agripper à des troncs d'arbres, passer à travers des buissons de roses, et j'en passe.

après avoir enlevé et remis mes chaussures une dizaine de fois pour traverser la rivière, j'ai capitulé et ai testé leur waterproofeté qui est absolument nulle... surtout quand on a de l'eau jusqu'à mi-cuisse.

En chemin, nous avons vu de plus près la vermine qu'exterminent nos gaillards à titre expérimenatal pour le compte du DOC (Department of Conservation):

la fleur du mal

Cette saleté, récemment apparue en NZ (importée de je ne sais plus où), s'installe au sommet des arbres, leur piquant leur lumière et provoquant leur mort à petit feu.




Nous avons compris pourquoi les Néozélandais sont si pointilleux à la douane en ce qui concerne le matériel de camping, les chaussures de rando... ils veulent tout simplement éviter qu'on leur importe des nouvelles cochonneries.
Les garçons ont effectué un travail d'orfèvre ces 3 derniers mois, éradiquant le mal à la racine arbre par arbre dans un périmètre restreint...

Je reviens à notre rando, ou plutôt devrais-je dire à notre odyssée: au bout de 3 heures, n'étant toujours pas arrivés à l'endroit que nous étions censées atteindre au bout de 90mn, nous nous sommes octroyé une pause




et avons fait demi-tour. Courbaturées pour le reste de la semaine (je crois savoir ce que ça fait physiquement d'avoir 90 ans), mais contentes. Le paysage en valait la peine:





De retour à la ferme, un autre challenge nous attendait: le grand ménage pré-départ en un temps record. Les garçons n'attendaient pas que nous les aidions mais nous nous sommes senties moralement obligées. Essayez d'imaginer à quoi pourrait ressembler une colocation de 4 mâles après 3 mois. Le cauchemar de la ménagère. A moins d'avoir une journée entière devant soi (or, nous avions 1h), seul un travail de gros est possible. Le cauchemar de la perfectionniste que je suis. Figurez-vous que j'ai dû nettoyer GROSSIEREMENT une cuisine, renonçant à gratter les traces de sauce tomate au mur (très « massacre à la tronçonneuse » comme déco) et à enlever les dizaines de cadavres de mouches qui gisaient sur le rebord de la fenêtre et les étagères. Je m'en réveille encore la nuit.
Quand je pense que la première chose je m'étais dite en entrant dans cette baraque, c'était: « ouh, je n'aimerais pas faire le ménage là-dedans »... Le hasard est cruel.
M'enfin... nous ne regrettons rien de notre sympathique escapade à la campagne.
Ce décrassage effectué, nos gentlemen nous ont déposées à Kaikoura... enfin.

24 avril 2010

23. On dirait le Sud...

La « South Island »... A part quelques chauvins du Nord qui vous assurent que leur village d'origine est le plus beau de l'univers, touristes et locaux sont unanimes: c'est elle qu'il faut visiter en priorité. Plus grande, et soi-disant plus sauvage, plus impressionnante que sa pauvre petite sœur du Nord qui pourtant nous a déjà bien plu, à nous.
Mardi matin, après deux semaines moins un jour sur l'île du Nord, nous avons pris le ferry pour nous diriger enfin vers ce paradis. Je vous épargne la sempiternelle vue sur la ville avec l'écume en premier plan (il ne s'agirait pas que mon fidèle lectorat se lasse) pour vous montrer une toute autre perspective. Voilà le panorama que j'avais du haut du pont:


2 secondes avant, ils se montaient dessus... aucune pudeur.

Le ferry ne transportait pas que des touristes, mais aussi du bétail... (je coupe court aux remarques des mauvaises langues qui diraient que c'est la même chose) et l'odeur qui allait avec.
Après 3h de traversée en apnée, nous avons mis pied sur l'adorable petit port de Picton.


quel bonheur de faire son 2e jogging du voyage dans un cadre aussi idyllique... loin de moi l'idée de narguer mes ami(e)s joggeurs/euses du dimanche.

Adorable, certes... mais désert et mort. Lueur d'espoir: un cinéma. « La soirée est sauvée », nous dîmes-nous. Raté: le dernier film passe à 17h30.
C'est ainsi que nous en avons été réduites à faire des



dans le salon de l'hostel. Petit hostel plein de charme (et d'Allemands, à notre grand dam) , au demeurant, que nous avons eu du mal à quitter le lendemain (mercredi)...
d'où les difficultés que nous avons eues pour rallier notre prochaine étape à la date prévue.

21 avril 2010

22. Welcome in Squid City

Étant donné qu'on a perdu un temps monstrueux à chercher un manteau pour nos bébés (cad une housse imperméable au cas où ils se feraient éclabousser sur un bateau ou inonder par la mousson quand nous serons en Asie), on n'a pas eu l'occasion d'explorer vraiment la ville de Wellington qui a pourtant beaucoup à offrir. Une sorte de San Francisco néozélandaise.
C'est une heure avant la fermeture (vieux motard) que nous sommes entrées dans l'immense musée « te papa ». Nous nous sommes ruées au premier étage pour être sûres de ne pas louper l'attraction principale à nos yeux, recommandée par notre hôte: un calamar géant péché il y a 3 ans ds l'Antarctique, conservé dans du formol mais qui commence à partir en morceaux. Âmes sensibles s'abstenir...


ET* téléphone maiiiiiiison!
*l'extra-terrestre, pas la conjonction


J'ai spécialement apprécié les comparaisons sur les panneaux explicatifs: yeux de la taille d'un ballon de foot, pupilles grosses comme une orange, et si on coupe le corps en morceaux, ça donne des rondelles de la taille d'un pneu de camion. Avis aux restaurateurs pour ogres...
Au passage, j'ai découvert que « sucker »n'est pas uniquement une injure mais désigne à l'origine une ventouse. Comme quoi, on en apprend des choses en lisant des panneaux sur les calamars géants.


un musée très interactif dans lequel vous pouvez créer votre propre calamar virtuel et vous le faire envoyer par email. Ah, la technologie...


Nous avions la chance d'être hébergées par un adorable couple hollando-américain (vive la mondialisation) habitant un joli quartier dans une maison de ce genre:


le couch surfing Deluxe

à deux pas de l'immense jardin botanique qui abrite bien des merveilles. Surplombant le traditionnel mais néanmoins très joli « roses garden », des arbres d'un type bien particulier déconcertent le promeneur dont l'œil n'est pas habitué à de pareilles couleurs.

si je ne me trompe pas, c'est un wharariki, ou « arbre chou »(cabbage tree)

Un artiste néozélandais, Regan Gentry, a eu l'idée saugrenue de représenter en fil d'acier inoxydable 4 espèces d'arbres « natifs ».
La prochaine fois, si vous êtes sages, vous aurez droit à la photo d'un vrai wharariki.

21. Napier, l'exception architecturale

Amis de l'architecture, ne venez pas en Nouvelle-Zélande. Nous avons vite compris pourquoi les Kiwis ne font absolument aucun effort au niveau architectural: ils ont les paysages pour compenser, tout simplement. D'où les maisons toutes moches, grises et banales, comme en papier mâché. Bref, du vite fait mal fait, du fonctionnel. Mais comme à toute règle, il y a une exception qui permet de la confirmer: Napier (prononcer népieur), ville art déco en pleine région viticole.
C'est le tremblement de terre de 1931 qui lui a été salutaire. Non seulement il a permis à la ville de gagner 40km² de superficie, toute une partie s'étant élevée au-dessus du niveau de la mer, mais en plus, elle a été en grande partie reconstruite dans le style en vogue à l'époque, qui combinait les avantages d'être peu onéreux, solide et esthétique.
Nous y avons fait une halte d'une nuit sur le chemin de Wellington. Rien de tel qu'une petite ville nous rappelant notre bonne vieille Europe pour nous remettre de nos émotions de la matinée (voir post précédent).


cadre inhabituel pour un bagpackers hostel (à côté de Gucci et en-dessous d'un hôtel de luxe)


statue bicéphale

un petit arrière-goût de Vienne


banderoles décoratives


des bancs (or whatever it is) très colorés


arc menant au front de mer sur lequel j'ai fait mon premier jogging matinal du voyage

Malheureusement, Napier ne constitue pas une exception au niveau des horaires d'ouverture. A 17h un vendredi soir (comme les autres soirs de la semaine), tous les commerces avaient le rideau baissé.
Nous avons erré longtemps affamées dans les rues désertes avant de trouver un bar-restaurant ouvert.
Le propriétaire, avant de nous éjecter poliment mais fermement à 22h, m'a fièrement montré une des délicatesses de son commerce: « French import bier, very expensive! ». De quelle marque s'agissait-il? La réponse est atterrante.
Kronenbourg.
« Why, why, why??!! » me lamentai-je. « Biscotte it's stronger than the kiwi bier »
Une fois de plus: no comment.

18 avril 2010

20. La tête dans les nuages

Au sens figuré je l'ai toujours, ça n'a rien d'un scoop et ne mérite pas de faire le titre d'un post.
Mais au sens propre... c'est déjà moins fréquent. Surtout dans une combinaison rouge de Superwoman, à 4700 mètres d'altitudes, à une vitesse de chute de plus de 200km/h, dans les bras virils de Brad.
Comment on se retrouve embringuée dans une telle (més)aventure?!
Eh bien, il suffit de voyager avec Anke qui a la tête pleine de défis à relever... Une telle idée ne m'aurait jamais traversé l'esprit mais comme je suis une fille vraiment pas compliquée et (presque) toujours partante, je l'ai suivie dans l'un de ses rêves les plus fous... le saut en parachute en tandem, ou le « tandem skydiving », if you prefer. Personnellement, I prefer, « plongée dans le ciel », c'est quand même plus poétique, non?
Pour cela, nous nous sommes rendues (toujours en stop) à Taupo, le haut lieu des activités adrénaliques en NZ à 80km au sud de Rotorua.

le saut à l'élastique au-dessus du lac, une prochaine fois peut-être?


Une fois payée la modique somme de 330 NZ$ (soit la moitié en euros), nous avons été conduites à l'aéroport et c'est là que les choses sérieuses ont commencé.
On nous a fait enfiler de belles combinaisons rouges et chacun s'est vu attribuer un instructeur. Moi, j'ai hérité de Brad, pas Pitt mais Rock, désolée Mme Nonimm. Avec un pareil patronyme, il ne pouvait pas être autre chose qu'un petit rigolo. En effet. Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il avait les mots pour rassurer le client(de toute façon, j'avais même pas peur):  « Don't worry, j'ai seulement laissé mourir 3 personnes cette semaine». A ma question de savoir combien de fois il avait déjà sauté, il me répond fièrement: « It's the third time! ». En réalité il avait déjà 14000 sauts (en ne comptant que ceux en parachute...) à son actif.
Bien arnachés, nous montons à 12 dans le petit coucou



qui devait nous emmener à 4700 mètres d'altitude. Jusqu'ici, tout va bien. L'ambiance dans l'avion est bonne, nous jouissons d'une magnifique vue panoramique sur le lac de Taupo qui, au passage, a une superficie plus grande que celle du Singapour et est de loin le plus grand lac de Nouvelle-Zélande: 190km de circonférence (Anke, tu me pardonnes si je raconte que tu as naïvement demandé à notre chauffeur si on pouvait en faire le tour à vélo en un après-midi?)
Tout se corse quand Brad me dit d'enfiler mes gants et de mettre mes lunettes, et que la porte à coulisse s'ouvre. Le premier tandem disparaît dans le vide... quelques secondes après, c'est moi qui me retrouve assise les guibolles dans les nuages avec Brad le Koala dans mon dos. Je suis terrorisée mais j'ai plus le choix (merci, Anke). Je me dis « vite, vite, qu'on en finisse ».
Et là, contre toute attente, Brad me (j'allais dire « me tire »mais j'entends déjà les rires gras de la salle des profs toute entière) (zut... si je dis « me remonte » ça va être mal interprété aussi) (je suis à court de verbe. Tant pis, gaussez-vous) tire à l'intérieur de l'avion au lieu de me pousser à l'extérieur. Why don't we jump????!!!!!, que je demande, prête à mordre. Biscotte y'a trop de nuages, qu'il me répond.
Bourreau. J'ai ressenti dans ma chair l'angoisse du condamné à mort dont on retarde l'exécution.
Une minute plus tard, le ciel s'était dégagé. C'est parti pour une chute libre d'une minute. Indescriptible, il faut le vivre. Tu peux même pas vraiment crier car ça fait très froid à la bouche. Ça va tellement vite que t'as même pas le temps de penser à ce qui se passera si le parachute ne s'ouvre pas (ce qui est un avantage certain). Par contre, t'as intérêt à penser à faire coucou à la caméra quand Brad te laboure les côtelettes (j'ai toujours pas compris comment on était filmés). Après la traversée d'un nuage qui, contrairement à mes attentes, n'avait pas la consistance de la barbe à papa mais pas de consistance du tout, le parachute s'est déployé et j'ai respiré à nouveau.
« Welcome to my office » m'a dit Brad le plaisantin. On parie je sais pas quoi que c'était la 14 001e fois qu'il la faisait, celle-là?!
A partir de là, je me suis détendue et j'ai admiré le beau paysage: le lac, les champs, les voitures-fourmis, bref, ce qu'on voit à travers la fenêtre d'un avion, mais en mieux.
Après quelques tours acrobatiques (Brad est joueur) qui m'ont arraché des cris stridents (enfin, quand même), nous sommes redescendus doucement vers la planète Terre pour un atterrissage sans encombre, même pas mal, même pas drôle.
Après cette thérapie de choc, je crois que je suis guérie à tout jamais de mon vertige léger (JB, tu sais ce qu'il te reste à faire).
Comme nous avons investi dans le DVD du saut, vous aurez bientôt tout cela en images (enfin pas le saut en lui-même, car il aurait fallu payer 200$ de plus, mais l'avant et l'après), mais patience, il faut d'abord que nous convertissions tout ça.
Un amuse-gueule en attendant le plat de résitance: la photo de mon certificat de réussite (je pourrais aisément vous faire gober que c'est moi et Brad sur la photo en haut à gauche mais mon honnêteté m'en empêche)



Je termine par un petit problème mathématique que d'aucuns résoudront en 30 secondes mais qui risque de provoquer un grave remue-méninges en salle des profs (Gilles, interdiction de les aider, sinon fessée cul nu) (je retire ce que j'ai écrit, interdiction de les aider sinon privé de dessert):
Sachant que j'ai sauté de 4700m d'altitude, que la chute libre a duré une minute (à une vache près) et que le parachute s'est ouvert à 400m du sol , quelle a été la vitesse moyenne de la chute libre?
Même moi, j'ai trouvé la réponse...

19. Kia ora chez les Maori

Jeudi, nous nous sommes rendues à Te Puia, village maori à 2km (à pied, ça use les souliers) au sud de Rotorua, en plein centre d'une vallée géothermale (2 en un, spécial touristes).
Nous en avons appris un peu plus sur la culture maorie (je ne sais toujours pas si cet adjectif s'accorde ou pas, help!) à l'occasion d'une visite guidée animée par une Maorie très enthousiaste.
Elle a commencé la visite par un petit cours de langue. Après nous avoir salués dans la langue de sa tribu (kia ora, se prononce à peu près comme « qui aura » et signifie aussi "bienvenue"), elle a attiré notre attention sur le panneau indiquant l'impressionnant nom du site:

traduction: « le lieu de rassemblement des groupes guerriers de Wahiao »

Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'en matière de toponymie, les Maori sont friands de mots composés « à l'allemande ». Le nom de village le plus long comporte 48 lettres, toute l'histoire de sa création est dedans (pratique, au moins on sait où on met les pieds). A côté de ça, notre « anticonstitutionnellement », c'est du pipi de chat (et en plus, c'est même pas un nom de village).
Pour ceux que ça intéresse, Rotorua signifie « deuxième lac », non pas parce que c'est le deuxième plus grand du pays, mais parce que c'est le deuxième lac sur (et non pas dans) lequel l'explorateur topobaptiste Ihenga est tombé au 14e siècle.

Après cette petite leçon de maori pour grands débutants (niveau A0), notre guide nous a initiés à l'artisanat local.
Avant de nous emmener dans un atelier de tissage, elle nous a montré comment on prépare la matière première: des feuilles de lin qui ressemblent à s'y méprendre à des feuilles de yucca. C'est assez impressionnant de voir qu'en les « râpant »avec un coquillage, on peut en faire des fils très fin (essayez avec votre yucca, peut-être que ça marchera aussi, qui sait).
A partir de ça, on peut fabriquer l'absolument inconfortable « piu piu », costume de danse traditionnel

un exemplaire sur la bête

ou de très jolis sacs à main



qu'on ne peut de toute façon pas ramener à la maison puisqu'ils ne passeraient pas la frontière, étant composés de fibres végétales (on ne rigole pas avec les lois sanitaires dans ce pays).

Nous avons continué avec l'école de sculpture.



En exclusivité pour vous Mesdames et Messieurs: ce modèle réduit du pavillon néozélandais à l'expo internationale de Shanghai


le vrai, en cours de fabrication, fera 10 mètres de haut.

Enfin, nous avons eu droit à l'incontournable spectacle folklorique maori qui nous a prouvé que le haka n'était pas une pure invention des rugbymen pour intimider l'adversaire.

Désolée, on ne voit pas grand chose. Le Maori en gros plan qui tire la langue, ce sera pour plus tard. De toute façon, si je mettais la photo maintenant, plus personne ne lirait mon blog.

Cette danse guerrière a précédé l'accueil traditionnel : frottage de nez avec un touriste choisi pour représenter la masse.
Le reste du spectacle a eu lieu dans la maison communale cette fois-ci ouverte au public (encore heureux, vu le prix de l'entrée sur le site). Nous avons assisté entre autres à des danses féminines avec poi, une espèce de balle en plastique (ou autre matériau non identifié qui en a la consistance) au bout d'une ficelle que l'on frappe contre le bras. Pas évident à expliquer, regardez sur cette photo où on les devine malheureusement davantage qu'on ne les voit.



Ces festivités terminées, nous avons fait un tour dans le parc.Nous avons été très déçues par le geyser Pohutu qui est très contrariant. Certes, il est en éruption constante, ce qui est déjà rare, mais Monsieur n'a pas daigné dépasser les 7 ou 8 mètres alors qu'il atteint très souvent les 30. On l'a intimidé, je ne vois que ça.



Nous sommes repassées devant moults hot pools et mud pools dont je vous épargne les photos (quand on en a vu une, on les a toutes vues). Si j'ai bien compris le panneau explicatif, les mares de boue sont composées de kaolin blan et silice. Si ça parle à quelqu'un...

Une nouveauté quand même: la mare de cuisson naturelle dans laquelle les Maori font bouillir du maïs


OK, on voit surtout de la vapeur.


Nous avons terminé avec la « maison du kiwi » où j'ai vu mon premier spécimen pas empaillé (malheureusement pour vous, les photos étaient interdites, l'animal étant farouche et fragile). Ça a confirmé ce que je craignais: c'est ni plus ni moins un ballon affublé d'une tête, avec une démarche de pingouin. Quelle idée d'avoir choisi ça comme symbole national. Ceci dit, ils sont attachants. J'en ai apprivoisé un dans le magasin de souvenirs:

17 avril 2010

18. Rotorua la Puante

Certains font du camping sauvage. Nous, on fait du couch surfing sauvage. Après nous être attardées un peu plus longtemps que prévu à Hot Water Beach (une œuvre d'art, ça ne se crée pas toujours en 5 minutes), nous avions l'ambition un peu optimiste (pour ne pas dire absolument irréaliste) de rallier Rotorua avant la tombée de la nuit. Résultat: le coucher de soleil est imminent, nous sommes dans la pampa sans un backpacker hostel à l'horizon, notre seul espoir de ne pas passer la nuit dehors est l'église de bord de route devant laquelle nous nous sommes faites déposer. (ou « fait »? Hilfe, mes chers collègues!!) C'est là que notre sauveur est arrivé. Un automobiliste nous a offert l'hospitalité, devant nos mines perplexes et méfiantes il s'est exclamé « You're safe, I'm a chemist! »(vous êtes en sécurité, je suis pharmacien), il n'en a pas fallu davantage pour nous convaincre. C'est ainsi que nous avons passé la nuit dans la confortable chambre d'amis de l'accueillant sosie de Ben Stiller à Waihi Beach (encore une fois, sortez vos cartes) qui a poussé l'hospitalité jusqu'à nous faire à manger. Le lendemain midi, grâce à un maçon maori, un web designer anglais et un routier kiwi



bel engin



dont nous avons compris à peu près 2% du discours (mis à part cela il était très gentil, s'arrêtant exprès là où le paysage valait spécialement le coup d'œil), nous étions à Rotorua. « It was not me! », voilà ce qu'Anke et moi nous sommes exclamées exactement au même moment (les grands esprits se rencontrent) alors qu'on approchait du but. C'est une ville qu'on sent avant de voir, une ville où tu peux péter tranquillement et mettre la puanteur sur le dos du souffre: « c'est pas moi c'est le souffre » (pour changer du chat qui a le dos bien large) C'est également une ville très touristique – ce n'est pas pour rien qu'elle est surnommée



et très maorie -un tiers de la population- en témoignent pas exemple les ornements à l'intérieur des arrêts de bus et même du Mac Do

prise à travers la vitre bien sûr, je ne m'abaisserais pas à mettre un pied dans ce temple du capitalisme, n'est-ce pas sister?! ;-)

Avant de commencer notre exploration, nous avons cherché un logement pour la nuit (le couch surfing sauvage est réservé aux cas de grande détresse) et avons atterri dans le surprenant « Cactus Jacks Backpackers »:



Plus Tex Mex, tu meurs. Pas moyen de se prélasser tranquillement dans le « hot pool »
sans se faire reluquer par...


un tyrannosaure Mex!! Et tu ne risques pas d'oublier de faire ta vaisselle:


Délestées de nos bagages, nous sommes parties pour une ballade dans la ville. Nous sommes passées par un gentil petit village maori, Ohinemutu, qui n'a rien d'extraordinaire mais a constitué une bonne introduction pour des béotiennes comme nous.



la « gathering house », maison communale qui se trouve dans chaque village et où sont célébrés mariages, naissances, fêtes... L 'équivalent de notre mairie, à la différence que chez les Maori, il faut enlever ses chaussures avant d'entrer.

« Il a pas l'air commode, l'animal »,dirait quelqu'une de mes connaissances. Les sculptures maories sont en général très menaçantes.

Nous avons continué notre promenade dans le parc volcanique Kuirau. C'est là que nous avons commencé à comprendre ce que l'expression « activité géothermale élevée » signifie concrètement. A chaque coin de parc, des barrières et de la vapeur indiquent la présence d'un « mud pool » (boue bouillonnante)


ou d'une source d'eau tellement chaude qu'on se brûle si on s'aventure dedans:
et en plus, ça pue

Nul, on peut même pas se baigner... Au mieux, on prend un bain de pieds dans un spa aménagé, acceptant l'invitation d'un trempeur de pieds blagueur qui était là avant nous: « Do you want to share diseases with us? »

. Excusez l'autochtone qui a mal cadré...on voit à peine le bassin mais on le devine.

Maori, eau bouillante, gadoue, puanteur, vous en voulez encore? Rendez-vous dans le prochain post. Vous en avez assez et préférez plus d'aventure? RV dans le post 20. Le blog dont vous êtes le héros.