30 octobre 2010

97. Nouvelles campagnardes réchauffées sur le radiateur

Encore un post hume, déterré en cherchant les mauvaises herbes sur mon ordi...
Me voilà rentrée et je n'ai même pas fini de raconter les différents aspects de mon deuxième séjour à la ferme alors que mes ongles ont déjà repris apparence... citadine et que les températures sont déjà presque négatives.
Il serait temps de réorganiser les notes brouillonnes prises chez Giovanni avant qu'elles ne moisissent comme les piments que j'ai rapportés (del giardino, per favore). Sinon, tout le monde va rester sur l'idée sordide que j'ai passé mon temps à ramasser des limaces et éplucher des fleurs d'oignon. Alors que la ferme de Giovanni, c'est bien plus que ça.
Ce que j'ai particulièrement apprécié, c'est le côté « vie de famille ». Giovanni avait en charge la moitié de la semaine son petit garçon de 3 ans et demi, Virgilio (là aussi, grosse surprise: Giovanni ayant écrit sur son annonce «je vis avec mon fils », je m'attendais à voir débarquer un grand gaillard au moins ado). Je ne suis pas du genre à gagater devant un gosse (je suis plutôt singes), mais celui-ci... J'ai tout de suite craqué sur sa bouille abîmée.

Je vous présente mon pote Frankenstein Junior (pour votre santé, attention aux rebords de cageot) (et il remet ça deux semaines plus tard avec un trottoir...) en convalescence. Deux jours avant, il ne pouvait même pas ouvrir l'œil... (c'est là que j'ai fait sa connaissance)

Lui, par contre, n'a pas succombé immédiatement à mon charme. Un vrai petit sauvageon, presque pire que moi petite. Il aura fallu 2 jours pour qu'il daigne me saluer (sous la torture), 3 pour qu'il réponde à mes questions (par monosyllabes, plus exactement: « no ») et 4 pour qu'on devienne grands copains. Je lui ai appris les cris d'animaux, lui m'a enseigné les noms des doigts de la main. C'est ballot, c'était le jour de mon départ. J'ai même eu droit à un bisou avant de monter dans le car(bon OK, il y avait de la menace paternelle là-dessous...)
C'est mignon ces petites choses là, mais faut s'en occuper... Heureusement que lo zio (Tonton) habite dans la maison d'à côté et que nonna (mamie) et nonno (qui a généreusement fait don de certains de ses organes à la... gastronomie, cf post 81), qui habitent à Sienne, viennent donner un coup de main plusieurs fois dans la semaine. Eux aussi je les aurais bien ramenés à la maison. Oui je sais, les animaux, les enfants, les petits vieux... il ne m'en faut plus beaucoup pour me faire craquer.

un des 3 (pa)chats de la maison, avec la nonna en arrière-plan

Mais papi qui fait du jardinage en short(!) avec mamie qui l'engueule à côté pour un oui pour un non (tiens ça me rappelle quelqu'un...), bah c'est quand même... trognon. Cette dernière m'a gentiment écrit la recette de sa parmigiana à la béchamel sans lait ni beurre (c'est JB qui serait content) (mais il déchanterait vite en apprenant qu'entre chaque couche il y a du vilain PARMESAN!!) (je veux bien ne pas en mettre pour lui mais faudra rebaptiser le plat).
Elle s'adapte donc comme elle peut à la philosophie alimentaire de son fiston... eh oui, je ne vous ai pas encore raconté mon expérience macrobiotique. Pour l'aspect théorique, il va falloir demander à quelqu'un d'autre. Je sais seulement que c'est une philosophie de vie d'origine japonaise qui vise à préserver la santé et l'environnement. Dans l'application alimentaire, il s'agit d'éviter les aliments trop yin (sucre) et trop yang (viande, gras). Bref, les adeptes de ce régime n'aiment pas les extrêmes, le tout est une question d'équilibre.
Concrètement, voilà ce que ça donne, du moins chez Giovanni (qui n'est pas un intégriste). Pendant les 5 jours que j'ai passés chez lui, j'ai suivi un régime quasiment végétalien, et me suis régalée.
J'ai découvert de nouvelles sortes de céréales, ces dernières représentant la base de l'alimentation macrobiotique (ainsi que les féculents en général): j'ai mangé des pâtes d'épeautre aux légumes, de la minestrone au millet, des haricots rouges au romarin, du potiron au four (tout simplement avec de l'oignon, de l'huile d'olive et un peu de piment: un délice)... le tout en mâchant bien.
Comme le sucre blanc est proscrit et celui de canne pas conseillé (sans parler du beurre et des produits laitiers en général), je tartinais sur mes biscottes d'épeautre, en dessous de la «confiture » de figues du jardin (sans sucre), des sucres alternatifs: du sirop de riz, de malt... (bref, des sucres complexes que l'on trouve dans l'amidon des céréales).
On a mangé de la viande une fois avec les grands-parents: pas très macrobiotique, mais pas non plus complètement déconseillé.
J'ai été étonnée d'apprendre que la philosophie alimentaire macrobiotique prescrit de boire peu... d'alcool bien sûr (ce qui n'empêchait pas Giovanni de boire un verre ou 2 par jour du vin rouge produit par son voisin), mais aussi d'eau.
Je me suis passée sans problèmes de produits laitiers, mais par contre je n'ai pas voulu renoncer à mon café du matin (pourtant si yang...): le breuvage de Giovanni à base d'orge et d'anis, c'est bon pour moi en guise de tisane devant le film du soir...
Ce dernier est capable de faire quelques entorses: il nous a emmenés (Virgilio et moi... les gosses, quoi) manger une glace (bio, cela va sans dire) à Sienne à la fin de mon séjour. Bref, je ne suis pas tombée sur un fou furieux intégriste (n'est-ce pas JB?).

Bon, ce n'est pas tout, mais les courges, elles ne sautent pas toutes seules dans le four. J'ai participé activement à leur récolte. Il y avait de quoi ramasser:


non, je veux pas regarder la dame!!

Bénie soit la courgeomobile sans laquelle la durée de la tâche aurait été multipliée par 10.



gros plan sur la récolte

J'ai appris à reconnaître une courge mûre d'une courge pas mûre. Ce n'est pas évident car ça les critères sont différents selon la variété: les jaunes doivent être d'une couleur homogène, et les vert-grises doivent commencer à avoir des pustules sur l'attache (veuillez excuser une fois de plus mes approximations en matière de vocabulaire botanique).
Je tâcherai de m'en souvenir en allant faire mon marché à Bonn... où l'hiver pointe le bout de son nez froid et marque le début de la phase d'hibernation de mon blog.
Je vous salue bien bas et vous dis au prochain voyage.

14 octobre 2010

96. Des limaces et des mauvaises herbes

Ils avaient dit vrai dans le poste: il a fait beau les 3 derniers jours de mon séjour chez Giovanni, ce qui m'a libérée de la corvée graines d'oignons.
Mais quand j'ai compris la nature de la première tâche qui m'attendait, j'ai commencé à me dire que les oignons, finalement, c'était pas si mal... Vous connaissez la dératisation? Eh bien je vous présente la délimacisation. Giovanni a dans son potager deux grandes rangées de fenouil infestées de limaces gloutonnes, impressionnant, elles en mangent des bouts plus gros qu'elles, bref, elles lui fusillent tous ses bébés fenouils plantés avec amour. Je vous laisse deviner la suite... Tous les matins, on passe les rangées au peigne fin, ou plutôt à mains nues, on attrape les limaces voraces et on les jette dans un seau... Le «on »est inclusif: que vous me croyiez ou pas, I did it! Il faut dire que j'étais sous pression, avec à côté de moi un gosse de 3 ans et demi (le fils de Giovanni) qui les attrapait à pleines mimimes. C'était une question d'honneur. C'est la première la plus difficile, après on s'y fait vite, je n'irai quand même pas jusqu'à dire qu'on y prend goût. Dès le deuxième jour, j'étais autonome, et j'ai fait péter les records, récoltant à moi toute seule 38 limaces (faut dire qu'il avait plu pendant la nuit). Un plein fond de seau. Des grosses des petites des larges des fines des longues des rondes (si si)... tout tout tout vous saurez tout sur la limace.
Mes impressions sur le tripotage de limaces à pleins doigts (j'ai limité l'expérience aux pouce et index droits)? Ben, c'est... gluant (ça alors) et visqueux, ça résiste même au lavage de mains cette cochonnerie, il faut retirer la bave au mouchoir, ou bien s'essuyer les doigts dans la terre avant de les laver (technique giovannienne). On comprend mieux comment elles adhèrent aux surfaces escarpées (tels le fenouil à 90%).
Je vais clôre le chapitre limaces avant que vous ne vomissiez tout votre petit dej.
Tâche suivante... DÉSHERBAGE!! Giovanni a été très étonné de m'entendre pousser un cri de joie à l'annonce de l'activité. Première fois que je le faisais après la pluie: un vrai bonheur, les racines viennent toutes seules!! (les bébés poireaux aussi parfois, oups, faut pas le dire à Giovanni). Presque trop facile. Les petits poireaux pourront grandir en toute tranquillité.

Photo du jardin d'hiver prise entre 2 mauvaises herbes arrachées. Si vous regardez bien, vous verrez la rangée de fenouil délimacée (et si vous regardez encore mieux, vous verrez peut-être des rescapées passées entre les dents de mon peigne). Au fond, la maison.

Sinon, j'ai passé plus d'une demi-journée à démonter les tuteurs des plants de tomates (pas de photo avant-après malheureusement), travail de précision plus que de force(ouf) et j'ai semé les graines d'épinards dans la serre (une première aussi pour moi, qui n'ai pas semé grand-chose jusqu'ici à part la panique sur mon passage). Là par contre j'ai des photos:


avant

après

qui n'ont pas grand intérêt je l'admets! Je sais que vous auriez préféré voir ma récolte de limaces, mais vas-y pour prendre une photo quand tu as l'index tout gluant de la bave de ces dernières...
Qu'est-ce qu'il en fait, Giovanni, de tous ses légumes? Avant tout, il les mange (ce qui me rappelle qu'il faudra que je parle un peu de macrobiotique), et il vend le reste à des particuliers et sur des marchés bio. Quel dommage: si j'avais pu rester 2 jours de plus, j'aurais testé avec lui l'expérience du marché et aurais pu hurler sur la place publique les mérites de mon fenouil délimacisé... (à moins qu'il y ait une interdiction de crier comme sur le marché de Bonn) (pour les non-Bonnois: je vous assure ce n'est pas une blague, les riverains se sont plaints et ont obtenu gain de cause).

12 octobre 2010

95. Mulino del Palazzo pour une princesse en sabots

J'admets, les sabots, c'était pour la rime...Aujourd'hui à la campagne, on met des bottes en caoutchouc.

Lundi matin, une fois assise dans le bus Florence-Sienne, j'ai relu la description de la ferme histoire de me mettre dans le bain. Un autre détail bizarre m'a sauté aux yeux: « maison du XXIIIe siècle ». Oups... en lisant la première fois, je n'avais pas compté les x et les i, classant d'emblée la maison dans la catégorie « vieilles pierres ». Le doute a commencé à m'habiter: était-ce une faute de frappe (mais 13e siècle, ça me semblait trop ancien pour être plausible), ou allais-je vraiment atterrir dans une maison futuriste (le terme « macrobiotique » présent dans la description me faisait pencher vers cette hypothèse)?

J'ai vite été rassurée: le bon Giovanni avait juste mis un x de trop et c'est bien dans un vieux bâtiment que j'allais habiter. Il a racheté un ancien moulin il y a une quinzaine d'année, d'où le nom un peu pompeux mais justifié:



chemin qui mène à la maison, qu'on devine au fond à droite (on en voit juste la cheminée), derrière l'extension moderne où habite le frère de Giovanni.

Le moulin a en effet été construit en 1246 par le même ordre que l'hôpital et l'église de Sienne et a fonctionné jusqu'au 19e siècle.

emblème de Santa Maria della Scala au-dessus de la porte de ce qui est aujourd'hui un réfectoire (cf photo suivante)

Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il y a eu du boulot. Il a dû assécher la rivière qui alimentait le moulin (rien que ça); la salle à moudre (excusez mes lacunes en vocabulaire technique) a été reconvertie en salle à manger de bed and breakfast par la voisine.



Les anciennes meules font aujourd'hui office de dalles.



Maintenant, un petit avant/après (n'hésitez pas à zoomer):





Un terrain de volley a remplacé la piscine. Si je ne me trompe pas, la fenêtre de ma chambre est tout en haut à gauche.

Mes remerciements à la nonna pour la visite guidée! Si vous regardez bien, on la voit qui se reflète dans la porte-fenêtre menant au réfectoire.

10 octobre 2010

94. L'oignon fait la force, ou comment s'occuper à la campagne de manière productive quand il fait un temps de chien

Mardi 5 octobre

En arrivant à la station de car de Sienne Nord hier matin, je me plante devant le Mac Do comme convenu et cherche du regard un vieil homme avec ses sabots, sa fourche et sa pipe au bec. En vain.
Je ne trouve qu'un fringant quadragénaire dans son fourgon.
Comme quoi, un accent du terroir, ça trompe énormément, au téléphone.

Cet ancien employé de Telecom a jeté l'éponge après 11 ans de bons et loyaux services. Comme alternative au suicide, il a choisi d'investir dans un ancien moulin (voir description dans un post ultérieur) qu'il a démoulinisé. Maintenant, il fait pousser des légumes dans son potager et les vend sur les marchés bio de la région. Une vie plus modeste, mais tellement plus agréable.
Pour arrondir ses fins de mois, il aimerait bien développer l'agritourisme. Il a l'infrastructure pour avec cette immense chambre d'amis

qui fut la mienne l'espace de 5 jours. J'ai choisi le lit du fond parmi les 7 de la chambre. En juillet, les participants d'un cours de massage y ont été hébergés.

Mais quand on ne parle pas anglais et ne maîtrise pas l'outil internet... bah c'est pas évident. Je l'ai vu ce soir à l'œuvre, répondant à ses mails (« il faut cliquer où pour répondre? ») le nez à 5 cm de l'écran (je n'exagère pas), tapant à un doigt à la vitesse d'un caractère par seconde... j'ai été prise d'une crise de fou-rire incontrôlable, heureusement il est doté du sens de l'auto-dérision (mais si j'avais pris une photo il se serait peut-être vexé) et moi, en bonne prof, je sais comment encourager les débutants. Je l'ai aidé à restaurer son compte face de bouc:




ça faisait un an qu'il ne s'était pas connecté car il avait perdu son mot de passe...

Comme il pleut depuis hier, on a passé notre temps à...
éplucher des fleurs d'oignon pour en retirer les graines. Si j'avais su, je ne me serais pas rongé les ongles 2 jours avant. Un véritable travail d'orfèvre, que n'avait pas pu faire le Wwoofer précédent, armoire à glace dotée de saucisses en guise de doigts.
J'en ai appris, des choses. Déjà, j'ignorais que les oignons montaient en fleur si on les laisse trop longtemps en terre. Comme pour le basilic (ça, je l'avais appris à l'autre ferme), la floraison altère le goût de l'oignon et le rend inapte à la consommation, donc Giovanni en « sacrifie » seulement quelques-uns chaque année, dont il met ensuite les fleurs à sécher.



Ensuite, on les apporte à Mélanie pour qu'elle en retire les graines avec ses petits doigts délicats.

une petite fleur contient de 2 à 6 graines minuscules (photo à l'échelle 10:1 à peu près) mais très jolies: on dirait du charbon miniature.

Ceci est le résultat d'un après-midi d'épluchage...à 2.

C'est ce qu'on appelle un travail peu gratifiant.

Les précieuses graines sont à l'abri dans un bocal de la marque "libera terra", dalle terre liberate dalle mafie (au cas où votre presbytie vous empêcherait de déchiffrer). Cette association a récupéré des terres confisquées à des membres de la mafia arrêtés et y cultive des légumes commercialisés sous cette marque.

D'après le calendrier des semences, il faut les planter entre octobre et novembre en lune montante mais je ne serai plus là pour le faire.

Après une journée et demie de ce travail de précision j'ai regardé la télé in italiano pour la première fois de ma vie. J'ai découvert sans surprise que ça ne volait pas plus haut que chez nous... sauf que comme c'est en italien, ça déculpabilise: linguistiquuement parlant, ça apporte beaucoup de regarder l'équivalent de « Qui veut gagner des millions ». J'ai découvert avec délectation et au moins 20 ans de retard (je n'ai jamais été précoce, ma devise étant « vieux motard ») la série « Walker Texas Rangers » doublée en italien, m'apercevant au passage qu'on avait dormi une nuit chez le sosie de Chuck Norris (version jeune) en Nouvelle-Zélande. Ce que je préfère, c'est les bruitages pour les coups (de pieds, de poings)... et les coiffures. Ah, le charme des années 80...
Bref, une détente bien méritée.
Y va faire beau demain, y l'ont dit dans le poste.
Y'a intérêt parce que les oignons, ça va un moment...

03 octobre 2010

93. Non ma fille tu n'iras pas traire les chèvres

Il y a exactement une semaine, j'ai quitté mes nouveaux amis de la basse-cour pour retourner vers la civilisation (vous en déduirez que les derniers posts ont été publiés avec quelques jours de retard). Même si Florence est une très belle ville, je me suis rapidement sentie en manque de campagne et de compagnie et j'ai décidé de chercher une nouvelle ferme, cette fois-ci avec des ANIMAUX A TRAIRE pour apprendre à faire mes fromages italiens préférés (ricotta, pecorino...). Pour une fois que je savais ce que je voulais...

Après moult coups de fil infructueux (la veille pour le lendemain - l'organisation, vous savez, c'est ma grande passion- , en italien et dans une cabine téléphonique sans porte en pleine rue) (j'aime le challenge), j'ai dû me rendre à l'évidence: ce n'est plus la saison du fromage. Quelle déconvenue. Au moins j'aurai appris quelque chose: les chèvres et les brebis(tout comme les vaches, je pense) sont frileuses et ne donnent pas (ou peu) de lait en automne et en hiver, en profitant pour faire des petits. Je saurai pour la prochaine fois.
Alors j'ai appelé quasiment toutes les entreprises agricoles de la province de Sienne (quand je pense qu'en temps normal j'ai des sueurs froides rien qu'à l'idée d'appeler le dentiste) et me suis rabattue sur la seule ferme qui voulait bien de moi comme Wwoofeuse. Le vieux (enfin, d'après la voix) Giovanni (qui m'a été recommandé par une gentille fermière fromagère voisine qui n'avait pas de travail pour moi car ses brebis sont à sec) a été tout à fait charmant et a immédiatement accepté ma demande. Vu le bruit de fond je n'ai pas vraiment compris ce que je devrai faire, à part qu'il n'y a plus rien dans le jardin (je sais donc au moins ce que je ne devrai PAS faire). Je me suis juste débrouillée pour bien comprendre l'heure et le lieu de RV -lundi matin à la station de bus de Sienne Nord-, ce qui est le plus important... dans un premier temps.

Après, en relisant la(pourtant brève)description sur la liste, je me suis apercue de détails curieux, comme par exemple: l'alimentation est en grande partie macrobiotique.
Késako?!
Un petit tour sur Google et là, c'est la panique.

« La macrobiotique est une discipline de vie qui comprend une pratique alimentaire. Elle est fondée sur le principe ésotérique taoïste de la complémentarité entre le yin et le yang.
Les divers aliments se répartissent sur cette échelle : les céréales sont considérées comme équilibrées et situées à mi-parcours alors que les fruits aqueux, les sucres et la plupart des laitages sont considérés comme nocifs car trop déséquilibrés vers le yin. »
 

Alors si j'ai bien compris je vais manger des céréales... pendant 5 jours seulement, heureusement.
D'un autre côté, c'est sur un site belge que j'ai lu ça: ils n'ont peut-être pas tout compris... Je pourrais faire d'autres recherches mais je préfère me laisser surprendre...
De toute façon, une petite diète ne me fera pas de mal, puisque j'ai réussi le triste exploit de ne plus rentrer (ou presque) dans la plupart de mes robes (ne parlons pas des pantalons): ils m'ont gavée comme une oie à la campagne.
Je ne pense pas avoir internet sans fil dans ma chambre cette fois-ci (à moins d'un miracle) alors si je ne donne pas de nouvelles c'est pas la peine d'ameuter les carabinieri.

92. Vous avez dit bizz'art? Bienvenue à Torre Alfina.

Chose étrange (car presque contradictoire avec l'atmosphère villageoise du siècle dernier), le village est depuis 2005 le siège d'une exposition d'art, « chambre d'amis ». Un véritable musée en plein air comme Rome, en moins pompeux, version art moderne. Une surprise discrète vous attend à chaque coin de rue: des sculptures,

Quand je vous dis qu'on se sent observé dans ce petit patelin...







Faites gaffe papi mamie,

la pétrification vous guette.

des tableaux et des photos sur les façades.









Le meilleur, c'est le toit de la maison des artistes, le sculpteur Mutsuo Hirano et le peintre-photographe Thomas Lange (vous serez assez perspicaces pour deviner leurs origines respectives).

« Che suis déchu » chuchota l'anche, et il chût.

A Torre Alfina, l'art n'est pas simplement figé: parfois, il bouge! Un dimanche après-midi, alors que nous digérions péniblement notre glace près du château, nous nous sommes faits surprendre par une compagnie de théâtre de rue que nous avons suivie dans tout le village.



Les acteurs nous ont présenté des chants, danses et récits des temps passés. J'ai pas tout compris mais une phrase m'est restée en tête (on se demande pourquoi): « Guardate la balena bianca coperta di cioccolata! Quant'è bella! »(regardez la baleine blanche couverte de chocolat! Comme elle est belle! »)

Bref... un village qui vaut le détour même si on n'aime pas les glaces.

02 octobre 2010

91. Les Bouseux au village: Torre Alfina

La ferme Pulicaro, sa volaille, ses fruits et légumes, c'est bien gentil... mais c'est un peu trop sain pour les citadins que nous sommes. Au bout de quelques jours, le manque de glace et de vin s'est cruellement fait ressentir...
Une expédition au village s'est donc imposée. Et quand je dis expédition, je pèse mes mots. 5 kilomètres quand on n'a pas de voiture, c'est long. On a tenté une fois le vélo pendant la pause de l'après-midi: j'ai dit à David never again. Il avait un vélo normal, lui, tu parles... moi j'ai hérité d'un vélo de course jaune fluo pour enfant dont nous n'avons pas réussi à rehausser la selle même en s'y mettant à 3... eh bien je peux vous dire que 20 minutes en position de la grenouille (avec le dos parallèle au sol car le guidon est 3 kilomètres à l'avant) et la même chose au retour, ça use. Dommage pour les railleurs, je n'ai pas de photos. Pour une fois, je l'aurai méritée, ma glace.

la maison-mère Sarchioni qui approvisionne toute la province de Viterbo.

J'ai décidé qu'on irait à pied les fois suivantes. On n'a pas franchement usé nos souliers parce que contrairement à toute attente, le stop marche plutôt bien dans la campagne italienne, même si à notre vue certains automobilistes ouvraient des yeux ronds comme s'ils avaient aperçu la Vierge, ou plutôt un extraterrestre car la Vierge, ici, on la voit à tous les coins de rue, en ville comme à la campagne.
En tout cas, si on voulait passer incognito, c'était raté. On était l'attraction de la journée pour les villageois qui chuchotaient à notre passage (voir têtes levées sur la photo précédente), et quand Pasquale est gentiment venu nous chercher en voiture un soir, il n'a pas eu de mal à nous trouver car la moitié du village nous avait vus, même que c'était le patron d'un des 2 restaurants qui nous avait prises en stop (cette fois-ci c'était avec Gabrielle).
Le village est censé compter 2 000 habitants, mais on se demande bien où ils se cachent.

pas un chat dans les pittoresques petites ruelles

Enfin si justement... que des chats.

qui s'y frotte s'y griffe... l'a pas l'air commode l'animal.

2000 habitants, ça doit être l'effectif d'été avec les 90% de touristes (Allemands, pour la plupart).
A Torre Alfina, il y a en tout et pour tout:
-une gelateria (qui fait également bar, bureau de tabac, vente de cartes postales et je crois que j'en oublie, pour un peu on se croirait dans un magasin vietnamien, cf post 62)
-un bar (qui fait aussi gelateria, mais c'est moins bon)
-2 restaurants
-une église (sans blague)
-une boucherie



-une boulangerie
-et surtout, un magnifique château





Ce n'est pas pour rien que cette pittoresque petite bourgade a été couronnée « uno dei borghi più belli d'Italia »(je ne pense pas que la traduction soit nécessaire).



Pasquale va bientôt prendre son indépendance pour habiter dans cette petite maison (ou celle d'à côté, je ne sais plus)

Plus de détails sur le village dans le prochain post.

90. Désherbator 1: naissance d'une vocation

Enfin je sais quoi répondre à la question « quelles sont tes passions? » et quoi mettre dans la rubrique « loisirs » de mon CV (ou pas): le désherbage.
A défaut d'être enrichissante (dans les 2 sens du terme) ou de faire briller en société, cette activité a le mérite d'être utile, gratifiante et défoulante. Au moins, on voit le résultat immédiatement. Je n'ai malheureusement pas eu la présence d'esprit de faire des photos avant/après mais le changement était radical, comme dans les publicités, sauf qu'il n'y avait aucun trucage.
Comme disaient mes collègues américains, « weed is addictive », indeed! (pour les ignorants/innocents: « weed » signifie mauvaise herbe ET cannabis...) Au début j'y allais à reculons... mais j'y ai très vite pris goût, et après, rien ne m'arrêtait plus (même pas la pluie), à part la tombée de la nuit. Ici, j'en vois une! Et là-bas, et là-bas... à ne plus savoir où en donner de la pelle. C'est une activité qui s'accorde à merveille avec mon caractère de perfectionniste quand j'arrive à fixer à l'avance un périmètre restreint (sans cela, ce n'est qu'inachèvement et frustration). J'en ai troué mes gants à force de zèle, avant d'avoir la lumineuse idée de prendre une pelle ou du moins un couteau pour les racines. « Twist and twist », voilà la chanson que j'avais dans la tête en faisant leur sort aux mauvaises herbes les plus récalcitrantes.

c'est ce qui s'appelle arracher le mal par la racine. Regardez-moi celle-là comme elle est belle... Jouissif. On prend son pied comme on peut.

Quand je pense que petite, je me faisais payer pour enlever une quinzaine de pissenlits dans le jardin de mes parents et que je ne prenais même pas la peine de retirer la racine avec... J'ai honte.

Le désherbage, c'est aussi l'occasion de s'attarder sur la micro-faune locale (je passerai sur les vers de ters et autres insectes peu ragoûtants qu'on est néanmoins désolé d'expulser de leur domicile) et de découvrir de véritables merveilles comme cette majectueuse mante religieuse qui m'a fait oublier ma Mission l'espace de 5 minutes.

Zoomez sur les yeux, c'est impressionnant.



Je sens qu'il va falloir que je désherbe encore quelques hectares avant d'avoir le plaisir sadique d'en voir une copuler puis se délecter cannibalement de son compagnon (vengeance!! entends-je crier d'ci les lapines et dindonnes).

Parlons maintenant du désherbage à grande échelle car c'est surtout les finitions que nous faisions à la main. Dans un grand domaine comme celui-ci, les mauvaises herbes, négligées par manque de temps, poussent par champs entiers...Celles-là, Pasquale s'y est carrément attaqué au tracteur (celui-là même de la photo du dernier post), et là je me suis dit ouf (et tant pis pour les racines) car il aurait fallu que je prolonge mon séjour de 3 semaines au moins pour venir à bout de tout ça. Comme moyen moins radical, il y a la tondeuse-voiture (ou tracteur à pelouse, or whatever: je ne maîtrise pas encore tout le vocabulaire agricole, surtout en français) qui permet elle aussi d'éliminer certaines mauvaises herbes, les pernicieuses qui poussent en plein milieu de la pelouse.
Je vous annonce avec fierté que non seulement j'ai réussi mon permis du premier coup mais en plus je n'ai même pas provoqué d'accident.



D'accord, je l'admets... le jardin de devant ressemble au crâne d'Hiro après le passage d'Anke (autrement dit à une coupe de cheveux non professionnelle pour ne pas dire anarchique).
Mais c'est en forgeant qu'on devient forgeron, ce n'est pas mon grand-père qui aurait dit le contraire.

28 septembre 2010

89. Les Echos de la Basse-cour: semaine du 20 au 26 septembre 2010

Nationalimentaire

Fin de la période de malnutrition chez la volaille
Après une semaine à béqueter du grain entier très difficilement digérable (à se casser les dents qu'elles n'ont pas encore et que quand elles en auront il se passera un tas de choses d'ailleurs), la volaille a finalement obtenu grain de cause: un tracteur est venu moudre sa pitance.

les Nourrisseurs en pleine action

La menace de grève des œufs aura porté ses fruits: « du grain moulu, ou on ferme notre cul », tel était l'ultimatum posé mardi matin par le collectif Poulenfuri au Nourrisseur en chef.
« Cot cot cot, cot cot, cot cot cot cot », se félicite Gallinarossa, porte-parole de l'enclos numéro 2.
C'est qu'on ne se laisse pas marcher sur les ergots, chez les poules.

c'est la bousculade autour des mangeoires.


Faits d'automne

-3 morts suspectes chez la volaille
Macabres découvertes pour les Nourrisseurs: à 3 jours d'intervalle, un coq retrouvé mort au coin de l'enclos numéro 2, un dindon exactement au même endroit, puis un poulet africain dans son ghetto grillagé.

consternation chez les poulets africains, minorité fraîchement importée qui lutte encore pour son intégration.

Drame de la jalousie? Crime raciste? Œuvre d'un mangeur de céréales killer?
Commissaire Poulinec mène l'enquête.

-Viol dans un clapier
Un lapin a profité du fait que sa cage soit momentanément ouverte pour cause d'approvisionnement en foin bi-quotidien pour escalader le muret de séparation et sauter dans la partie de la cage réservée à sa jeune voisine. Les cris stridents de la lapine ont alerté les nourrisseurs, mais il était déjà malheureusement trop tard.
Le lapin violeur encourt la peine de la casserole.

-Délinquance avicole: Nagasaki fiché
Le coq protecteur du poulailler numéro 4 a encore fait des siennes. Il n'attaquait jusqu'ici que les Nourrisseurs de son sexe qui savaient à quoi s'attendre et prenaient donc leurs précautions.
Cependant mercredi il s'en est pris aux mollets de la nouvelle Nourrisseuse Femelle (voir rubrique suivante) sans crier « gare » ni même cocorico.
« This *** animal attacked me while I was filling the second container with grain! », s'offusque la victime.
Pour prévenir de nouvelles attaques, la police a dressé une fiche à l'attention des Nourrisseurs.

si vous voyez cet individu s'approcher de vous, gare à vos mollets.

-Une unicorne chez les chèvres
A force de hargne et de violence envers ses congénères et le grillage, une chèvre a fini par perdre définitivement la moitié de sa corne droite qui menaçait de se détacher depuis des mois.

Capruccia, terreur de l'enclos des chèvres

Cela ne règle malheureusement pas le problème de la violence de l'animal dont la demi-corne très affûtée est encore plus dangereuse que la corne entière: une biquette a été blessée.
Une opération de limage est envisagée.
La relique trône actuellement sur la cheminée des Nourrisseurs.

Emploi

Arrivée d'une nouvelle nourrisseuse-récolteuse américaine
Gabrielle de Californie, 29 ans, est venue grossir les rangs des Nourrisseurs.
L'anglais devient la langue de communication principale chez les humains, au grand dam de la Française MP qui voulait pratiquer son italiano. Elle fait contre mauvaise fortune bon cœur, profitant de l'occasion pour improver son English.

Santé

La Nourrisseuse française MP, en proie à des allergies de plus en plus violentes, s'est vu contrainte d'abandonner la distribution quotidienne de foin aux lapins. Les anti histaminiques les plus fortement dosés sont restés inefficaces.

Carnet

-Deux minuscules chatons ont été retrouvés sur une botte de foin.
Ils ont été mis en sécurité dans une cage par les Nourrisseurs.

Les chiens n'en auraient fait qu'une bouchée.

Leur jeune mère a été interpelée et sommée de procéder régulièrement à leur allaitement.

-Les poussins nouveaux sont arrivés!
La couveuse a le bonheur de vous faire part de l'éclosion d'une quinzaine d'œufs variés dans le courant de la semaine.



Des poussins classiques, des poussins-dindons et des poussins africains ont été mis à l'abri bien au chaud sous une lampe par les Nourrisseurs peu après avoir vu le jour.

un poussin africain sort de l'œuf. Très délicat car sauvage, il a des chances de survie plus basses qu'un poussin classique. D'ailleurs, sur 25 œufs de cette espèce, seuls 5 sont éclos, ce qui est très bas par rapport à la moyenne.

Comme les serviettes magiques, le poussin se déploie dans les heures qui suivent sa sortie de l'œuf, allant jusqu'à doubler de volume. Il est déjà capable de se nourrir tout seul, Mère Poule ayant refusé dès la nuit des temps un allaitement qui serait trop douloureux. Mère Chatte se mord les griffes de ne pas avoir su imposer la même volonté.

-Deux lapins et 6 poules sont passés à la casserole pour des clients romains.

Langues et littérature

Après « je parle allemand comme un(e) cochon(ne)», « je parle italien comme un(e) canard(e) »...



Humains, mettez-vous à la langue de Picsou avec cette édition vintage du magazine culte, datant de décembre 1989!
Poules, dindons, canards, oies, faites découvrir à vos poussins les classiques de votre enfance!
Dépêchez-vous, les exemplaires sont rares.
En vente chez tous les bons libraires.