09 septembre 2013

Travail à la romaine (2)

J'étais à deux doigts de partir en courant après la formation du lundi. J'ai appris qu'il s'agissait de cours particuliers uniquement, 6h de 60mn à la suite sans pause, et surtout, et surtout, sans préparation aucune !! L'élève débarque avec son petit livret dans lequel est écrit ce qu'il a fait la fois précédente (il y a au moins 4 ou 5 profs de français différents), et hop, tu dois continuer à la page 184 du bouquin que tu ne connais pas, vu que c'est une méthode italienne à la con, bien rébarbative en plus. Pour le français passe encore (mais je déteste le fait de ne pas être préparée, surtout quand une petite morveuse de 15 ans me demande le sens de « déréliction » !), mais pour l'anglais.... même s'ils ne me donnaient que des « beginners » et « pre-intermediate », vas-y coco pour expliquer des pages du livre que tu n'as pas pu étudier avant. J'ai failli perdre tous mes moyens pendant la 1ere heure avec une débutante. Selon les consignes j 'ai dû lui mentir (car elle m'a posé la question) et dire que mon père était anglais ! (sorry Pinooch) Quelle honte (pour l'école qui se targue de n'engager que des locuteurs natifs, pas pour moi). Le chef est venu me voir après, je lui ai confié que je ne me sentais pas capable d'enseigner l'anglais à un niveau plus haut que débutant, et il a dit qu'on allait laisser tomber l'anglais dans ce cas (sage décision), mais que du coup j'aurais moins d'heures et des horaires plus « flexibles » qu'on me communiquerait seulement la veille.
En général je bossais de 14 à 19h, et je dois avouer que c'était beaucoup moins fatigant que je ne le craignais (à part le samedi matin où c'était très dur de commencer à 9h...). Les élèves étaient souvent fort sympathiques, c'était super intéressant de discuter avec eux, j'ai appris un tas de choses, surtout sur la langue italienne. Je me gênais pas pour leur poser des questions à ce sujet, prenant comme excuse l'approche comparative des 2 langues. Et puis j'ai vu défiler toute une galerie de personnages hétéroclites, ça allait du prêtre polonais (quand je travaillais au siège près du Vatican) à la jeune fille de bonne famille plurilingue (ça changeait des Italiens « classiques »!), en passant par le cadre over-booké et la retraitée trop mignonne.
Le seul stress, c'était les heures de « full immersion » auxquelles je n'avais pas du tout été formée : tu te retrouves avec 2 ou 3 élèves dont le niveau peut être hétéroclite (possible d'avoir un A1, un A2 et un B2 !), et tu dois improviser quelque chose. Un cauchemar didactique.
Bref, le travail en soi n'était pas désagréable, mais c'était de l'exploitation. Un élève qui venait depuis 5 ans m'a dit que les profs restaient rarement plus d'un an, et j'ai compris pourquoi quand j'ai enfin réussi à aller déjeuner avec 2 collègues. Ils ne te font signer le contrat (CDD de 6 mois renouvelable) qu'après 2 ou 3 mois de travail au noir, et quel contrat... 1300 euros nets par mois pour 36h par semaine comme je disais précédemment, ils appellent ça contrat fixe pour justifier la basse rémunération horaire, mais ce n'est rien de plus que des vacations assurées : pas de vacances, et t'es pas payée si t'es malade.
De plus, je n'avais pas franchement l'impression de coller à l'image de l'école. Le directeur voulait du personnel « jeune, ouvert et sympathique ». Résultat : un microcosme d'excitées extraverties avec des grands sourires faux-cul et des tonnes de fond de teint, perchées sur des talons de 10cm et moulées dans des pantalons en léopard et des petits hauts à 2 sous bariolés. Bienvenue à Pouffeland (OK, j'exagère un peu, c'est vrai à 100% pour les standardistes mais il y avait des exceptions parmi les profs).
Je comptais essayer de tenir un mois puis dire « ciao », mais ils m'ont devancée les bougres. Au bout de 8 jours, ils m'ont congédiée (et payée, ouf) sous prétexte qu'ils n'avaient pas assez d'heures de français pour moi (c'est vrai qu'une autre prof de français m'avait dit que certains jours, elle n'enseignait que l'anglais...), "quel dommage parce qu'on a eu des bons échos des élèves, on voudrait te garder mais le fait que tu ne puisses/veuilles pas enseigner l'anglais est problématique, on te rappellera quand on aura trouvé une solution" (j'attends toujours).
Me voilà riche... d'une nouvelle expérience.


5 commentaires:

Pouffe à talon (sarko, sors de ce corps) a dit…

"En plus, je risque d'avoir des problèmes avec mes potentiels futurs employeurs et d'autres personnes qui n'agissent pas forcément en toute légalité." > je (re)lis ton intro. Parano que je suis, je me sens visée (damned). Ou parles-tu du bichon (maltais)? parce que sinon, "des personnes qui n'agissent pas forcément en toute légalité", c'est une périphrase pour Italiens, non?

Mélanie a dit…

Je ne te visais pas Blanche(comme)Neige, mais si tu te sens visée... c'est que tu dois avoir quelque chose à te reprocher !!
Et tu verras (liras) bientôt avec stupéfaction que certains Italiens sont un peu trop scrupuleux (pour ne pas dire Teutons) quant au respect des règlements...

Anonyme a dit…

courage, smelly melly. Trop heureuse de te relire et a bientot xxx

Chris a dit…

1300 Euros per week!! damn isn't Bad Mel!

Mélanie a dit…

No, per month... :-(