19 février 2013

Pérégrinations amazoniennes (2) : de Lagunas à Iquitos

Après nos 3 jours dans la jungle, je me réjouissais à l'avance du retour à la civilisation (nourriture variée, internet...), et devinez quoi ? Le bateau pour Iquitos n'est tout bonnement pas venu.
Nous nous sommes retrouvées coincées 2 jours et demi dans un patelin où il n'y a rien à faire et que le Lonely Planet décrit, fort justement, comme une « bourgade boueuse et infestée de moustiques ». Une rue principale,

que voilà, avant l'un des orages qui rythment les journées
vous avez dit boueux ?
un des chemins perpendiculaires
un port, 2 restaurants au menu guère affriolant, pas de bars,

fausse joie : c'était fermé
des petits bouibouis qui ne vendent rien de frais (puisqu'il n'y a l'électricité que quelques heures le soir), uniquement des boîtes et des trucs longue conservation, et chers en plus. Ça s'appelle Lagunas, ça se prononce lagounasse, ça veut tout dire.
J'ai eu tout le loisir de fignoler mes 8 derniers posts... que je ne pouvais pas publier car évidemment, pas de connexion internet dans ce trou. Pas de distributeur non plus, heureusement que la vie n'était pas chère (jamais payé si peu pour un hôtel) car on avait tout juste assez pour payer notre billet de bateau !! Quant à l'électricité, c'était seulement quelques heures le soir.
Je me suis auto-bénie d'avoir apporté suffisamment de lecture pour ne pas mourir d'ennui. Entre 2 pages je m'arrachais furieusement la peau des jambes et des pieds à pleins ongles, en croisant les doigts (oui c'est techniquement possible de se gratter avec les doigts croisés) pour ne pas attraper la dengue ou le palu. Ça démange tellement que si je me gratte pas, je me tortille comme si on me chatouillait!
L'activité principale de la journée consistait à remonter la rue principale jusqu'au port (15mn de marche, quand même) pour prendre des (accablantes) nouvelles auprès de la compagnie de bateau Eduardo. « Lagunas-Iquitos : hoy no hay » : message le plus déprimant que je connaisse.

      Maisons sur pilotis près du port. Un chemin de planches très long et très casse-gueule y conduit.
Sur le chemin, tout le monde nous reconnaissait et nous saluait chaleureusement, avec une certaine compassion parfois. Et aujourd'hui, dans le récit de voyage que je suis en train de lire (Europe de l'est dans les années 50), je suis tombée sur la phrase suivante : « (…) nous nous sommes retrouvés à la sortie de la ville avec quantité d'étrangers qui nous connaissaient - c'est ça être étranger. ». Comme quoi il y a des choses qui ne changent pas.
Pour nos autochtones salueurs, nous étions probablement « les 2 gringos maigrichonnes qui se languissent du bateau et arpentent la rue principale 6 fois par jour ». Un aller-retour le matin pour aller voir les horaires du bateau, un autre à midi pour déjeuner, un dernier en fin d'après-midi pour consulter de nouveau (avec un désespoir croissant) l'ardoise de la compagnie Eduardo et éventuellement dîner.
La bouffe parlons-en...
Pendant une semaine on n'a pas vu la couleur d'un légume : un vrai régime de diarrhéique (manquait plus que le Coca) à base de riz, œuf, poisson ou poulet, le tout accompagné inlassablement de bananes vertes bouillies. Je ne suis pas difficile et très ouverte au point de vue culinaire, mais alors là...il n'y a qu'un adjectif : c'est dégueulasse, ces « plátanas » vertes (tiens ! Encore un faux ami ! Quid es de l'espagnolo facilo ?) à peine cuites. Pâteux, sans saveur, notre jugement est sans appel. Dommage, parce que quand c'est frit (cf post précédent) ou passé à la poêle juste un peu plus mûr, c'est pas mauvais du tout.
Heureusement, pour rattraper un peu le tout il y avait quelques vendeuses de fruits exotiques dont j'ai oublié le nom mais pas la saveur. Et une dame qui en faisait des boissons (refrescos, pas du jus pur mais mélangé avec de l'eau et du sucre) juste à côté de notre hôtel. Elle aussi s'est habituée à notre passage triquotidien.

FINALEMENT, au bout de deux loooongues journées agonisantes, la nouvelle de l'arrivée du bateau le lendemain aux aurores (tant qu'à faire) a été accueillie comme le Messie.
Nous avons déménagé dans un hôtel juste en face de l'embarcadère pour être sûres de ne pas le louper.
Du balcon,

Anne ma sœur Anne, ne vois-tu rien venir ?
le spectacle de la vie portuaire était fascinant.

struggle for plátanas
On nous a expliqué que le village souffrait d'une pénurie de bananes (difficile à croire !), d'où la ruée sur la barque apportant la marchandise tant convoitée (j'aurais dû filmer).

         le « Romantico » qui vient livrer des poulets (entassés vivants dans les cageots que vous voyez au premier plan)
Le « Elmer »  tant attendu est arrivé avec seulement 1h de retard, plein comme un œuf. Nous avons eu un mal de chien à trouver une place pour nos hamacs, juste à l'endroit où ça mouillait quand il pleuvait.


 Autant vous dire qu'on n'a pas fermé l’œil pendant les 25h de trajet. Les gens, tout sauf respectueux de l'espace et de la tranquillité d'autrui, nous bousculaient à chaque passage et faisaient un concours de « qui mettra son transistor le plus fort » (j'aurais bien fait une distribution de lecteurs MP3 à tout ce petit monde là), et ce dès 4h du mat. Une véritable cacophonie, entre la musique traditionnelle et les pouffiasseries commerciales.
Épuisées mais heureuses, nous arrivions enfin à Nauta, à 1h de minibus d'Iquitos (ça nous évitait 8h de bateau en plus)...

saut dans la bouillasse

… où il ne nous restait plus que 24h à passer avant notre avion pour Lima, autrement dit avant la fin du voyage. C'était ça le plus rageant à Lagunas, le fait de savoir que ces journées à ne rien faire étaient autant de temps perdu à visiter Iquitos et ses environs.
Il a crachiné toute la journée, ce qui ne m'a pas empêchée de beaucoup aimer la ville, créée vers 1750 par des missionnaires jésuites.
Ce que j'ai préféré, ce sont les bords de l'Amazone.






Architecturalement parlant, c'était assez surprenant. Pas mal de beaux bâtiments en faïence à l'image de celui-ci


et surtout, incroyable mais vrai, sur la Plaza de Armas trônait la « Casa de Fierro », œuvre de Gustave Eiffel importée en pièces détachées dans les années 1890 afin d'embellir la ville, en plein boom du caoutchouc.


La photo suivante ne représente pas une merveille architecturale mais pour moi, ça relève du surnaturel, ici en pleine jungle :

       Malheureusement, c'était fermé mais un retraité français vivant à Iquitos depuis 8 ans nous a raconté que l'Alliance donne des cours à l'université.

Avec bonheur, nous sommes revenues à une nourriture plus variée

                                 cecino a la Loretana : sauté de porc fumé aux LÉGUMES (youpi !!!) servi avec du cœur de palmier râpé et un légume non identifié mais immangeable tellement il était pas mûr et pas cuit.

arrosée de nourrissant jus d'agave.

   Le fruit en soi n'est pas terrible, assez farineux et pas sucré (ça ressemble à de la patate douce cuite), mais en jus... un délice.
Voilà. Nous voilà maintenant dans l'avion du retour, et ce que je peux dire, c'est que je n'ai pas envie de rentrer... Je serais bien restée bosser à l'alliance d'Iquitos ou d'Arequipa. A bon entendeur...

17 février 2013

Pérégrinations amazoniennes (1) : de Tarapoto à Lagunas (ou Liliane dans les lianes)

Après les températures hivernales de la montagne (OK j'exagère, c'est jamais descendu en-dessous de 10 en journée, mais quand même), je me réjouissais de retrouver la touffeur tropicale et les petites robes... Je n'ai pas été déçue : dès la sortie de l'avion à Tarapoto, l'odeur de chaleur humide que j'aimais tant en Thaïlande m'a envahi les narines. Nous avons crevé de chaud à poil dans nos lit et avons été importunées par le bruit assourdissant des mobylettes qui traversait les boules Quies, mais peu importe : nous étions revenues à un climat un peu plus dépaysant.
Culinairement parlant, ça change beaucoup aussi.

                                                        pataraschka, poisson mariné avec entre autres de la coriandre avec frites de manioc (yuca en espagnol, encore un faux ami !)
.
Dès le lendemain, c'était parti pour Yurimaguas (2h30 de route et non pas 6 comme le disait le Lonely Planet pas DU TOUT actualisé bien que ce soit l'édition 2012),

Notre hôtel à Yurimaguas les pieds dans l'eau
   la mairie
d’où nous comptions prendre un bateau jusqu'à Iquitos (3 jours de traversée).
Nous avons goûté l'inchicapi, une spécialité amazonienne.

                                                   Soupe de cacahuètes, poulet, manioc et coriandre, servie avec des rondelles de banane frite. Plus exotique tu meurs.
Si on avait su que c'était notre dernier repas un peu élaboré avant une semaine, on aurait encore plus savouré. Nous n'en avions pas l'intention à l'origine, mais le petit gars de l'hôtel nous a convaincues de faire une excursion de 3 jours dans la jungle à partir de Lagunas (accessible en bateau sur le chemin d'Iquitos). Bon pourquoi pas, nous avions le temps... pensais-je. Nos hamacs achetés, c'était parti pour un trajet de 10 heures sur un bateau qui transportait autant de passagers que de marchandises.

un taxi mobylette, par exemple
                              C'est super confortable en fait ! Faites pas attention à mon gros pif qui s'est remis à gonfler (et à me faire un mal de chien) sans crier gare, à un tel point que j'ai dû recommencer le traitement.
  On est loin du beau Danube bleu avec la saison des pluies qui rend l'eau toute terreuse.

Paraît qu'à la saison sèche l'eau est émeraude... je demande à voir.



Après une nuit à Lagunas, départ pour la réserve.












Autant vous le dire tout de suite : nous ne sommes pas venues DU TOUT à la bonne saison. Comme tout était inondé, il était impossible de marcher, nous avons  tout fait en barque.


Il fallait parfois se courber sous les branches de ces arbres au tronc épineux. 
 Les « fleurs de la liberté », ou la version minoochienne des oiseaux du paradis.
Ceci dit elle en a perdu (ou gagné, ça dépend du point de vue), elle déforme moins qu'avant, moi qui attendais au tournant son « Machu Pikachu », elle ne l'a jamais sorti. Par contre j'ai eu droit à un magnifique « piňa cotta » (elle cherchait le nom d'un cocktail).

Liliane dans les lianes

  Je vous rassure sur un point : ce n'est pas nous qui ramions avec nos bras pleins de fromage blanc. Nous avions un mignon petit guide et une espèce de sorcière pustuleuse et édentée (mais musclée) pour traîner nos grosses fesses. Gentil, le guide, mais pas pédagogue pour un sou... Il parlait super vite, je ne comprenais qu'un quart de ce qu'il me disait (et encore). Frustrant, sachant que la veille dans le bateau nous avions eu la compagnie d'un guide super sympa et expérimenté (celui conseillé par le Lonely Planet) qui s'adaptait à mon niveau de langue et nous avait montré ses morsures de crocodile. Enfin j'ai quand même compris, globalement, que tout est beaucoup beaucoup beaucoup mieux à la saison sèche. Nous aurions vu des tortues, des crocodiles, la cabane sur pilotis dans laquelle nous avons passé 2 loooongues nuit aurait été au milieu d'une plage de sable... Bon, on a quand même vu quelques animaux : de beaux oiseaux jaunes et noirs aux yeux bleus qui faisaient un boucan d'enfer  des singes moines tout mignons,


un paresseux (qui mérite bien son nom, il est pas vif l'animal)



 et le dos de dauphins qui remontaient respirer à la surface. Nous nous sommes essayées à la pêche. La Mounich a commencé par me lancer le hameçon dans le décolleté (ouf, l'appât n'était qu'un bout de poisson sinon vous entendriez encore mes cris résonner jusqu'à chez vous), puis a quand même réussi à nous ramener une feuille à la surface, avant de se faire avoir par un poisson malin qui lui a bouffé son appât sans mordre à l'hameçon. De mon côté j'ai laborieusement mais fièrement attrapé deux poissons, tandis que notre guide, avec une facilité déconcertante (et très énervante) remplissait la barque de magnifiques spécimens.

tel ce piranha un peu prognathe qui, si j'ai bien compris, peut te tronçonner le doigt avec ses petites dents qui n'ont l'air de rien.
Frimeur !
Tant qu'on était sur la barque, ça allait, mais dans la cabane, le temps a été trèèèèèès long. Innocente, je n'avais pris qu'un petit livre de 120 pages et mon dico d'espagnol (dans lequel il n'y a jamais les mots que je cherche). « Le vieux qui lisait des romans d'amour » (que nous n'aurions pas pu lire dans un meilleur cadre) a illuminé une ou 2 de nos longues heures d'oisiveté. À 19h30 nous étions couchées avec nos lampes frontales (pas d'électricité) sous la moustiquaire envahie par des moustiques transgressifs (mais c'était toujours moins pire que dehors). N'ayant plus rien à lire, j'en ai été réduite à faire les dernières grilles de Sudoku de la Reum avec les bêbêtes stupides qui venaient se crasher contre ma lampe. À 2 heures du mat j'étais réveillée avec l'impression d'avoir fini ma nuit... C'est ce qu'on appelle un grand moment de solitude. 

16 février 2013

D'Ollantaytambo à Cuzco : la vallée sacrée


Sur le chemin du retour Machu Picchu-Cuzco, nous avons pris notre temps, nous arrêtant d'abord une nuit dans l'adorable bourgade au nom prononçable uniquement au terme d'un entraînement de plusieurs minutes. 

place principale
Ça ce sont les ruines incas où nous ne sommes pas allées martyriser davantage nos mollets.


Voici la petite rue de notre hôtel.


De la terrasse, on voyait ça :


et ça :



Le lendemain, c'était reparti pour Cuzco, dans un minibus bondé pour changer.

paysage sur le chemin
Le choclo con queso, en vente dans presque tous les bus. Cet épi aux grains énormes, servi avec un bout (trop petit!) de fromage, s'est avéré un peu décevant pour nos papilles (on maçonne à sec).

Nous avons fait une halte aux terrasses (incas, bien sûr) de Moray, accessibles seulement en taxi à partir de ce croisement où le bus nous a déposées.


Assez impressionnant,




paysage sur le chemin du retour
tout comme les puits salants de Salinas.


J'ai pas compris comment ça fonctionnait exactement mais la vue était magnifique.
Il ne nous restait plus qu'une journée pour visiter Cuzco, où je me serais bien attardée un peu plus.

la bière locale
Bien que très touristique,

No comment... ça peut arriver même aux meilleures de tomber dans un traquenard.

Pauvre alpaga dont on exploite l'image (une photo, un sol !)
c'est une ville agréable (mais vallonnée !) qui est restée très authentique dès qu'on sort des quartiers touristiques. 
 

Au cas où vous brûleriez de savoir à quoi ressemble la plaza de Armas...

 Installation surprenante aperçue sur plusieurs toits

On a essayé de nous faire gober la même chose que pour le lac Titicaca : la ville aurait la forme d'un puma !


Pour terminer, une petite pub vue à l'aéroport (nous avons pris l'avion pour la jungle, nous épargnant ainsi 3 jours de bus) :