Après nos 3 jours dans la
jungle, je me réjouissais à l'avance du retour à la civilisation
(nourriture variée, internet...), et devinez quoi ? Le bateau pour
Iquitos n'est tout bonnement pas venu.
Nous nous sommes
retrouvées coincées 2 jours et demi dans un patelin où
il n'y a rien à faire et que le Lonely Planet décrit, fort
justement, comme une « bourgade boueuse et infestée de
moustiques ». Une rue principale,
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que voilà, avant l'un
des orages qui rythment les journées |
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vous avez dit boueux ? |
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un des chemins
perpendiculaires
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un port, 2 restaurants au
menu guère affriolant, pas de bars,
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fausse joie :
c'était fermé |
des petits bouibouis qui
ne vendent rien de frais (puisqu'il n'y a l'électricité que
quelques heures le soir), uniquement des boîtes et des trucs longue
conservation, et chers en plus. Ça s'appelle Lagunas, ça se
prononce lagounasse, ça veut tout dire.
J'ai eu tout le loisir de
fignoler mes 8 derniers posts... que je ne pouvais pas publier car
évidemment, pas de connexion internet dans ce trou. Pas de
distributeur non plus, heureusement que la vie n'était pas chère
(jamais payé si peu pour un hôtel) car on avait tout juste assez
pour payer notre billet de bateau !! Quant à l'électricité,
c'était seulement quelques heures le soir.
Je me suis auto-bénie
d'avoir apporté suffisamment de lecture pour ne pas mourir d'ennui.
Entre 2 pages je m'arrachais furieusement la peau des jambes et des
pieds à pleins ongles, en croisant les doigts (oui c'est
techniquement possible de se gratter avec les doigts croisés) pour
ne pas attraper la dengue ou le palu. Ça démange tellement que si
je me gratte pas, je me tortille comme si on me chatouillait!
L'activité principale de
la journée consistait à remonter la rue principale jusqu'au port
(15mn de marche, quand même) pour prendre des (accablantes)
nouvelles auprès de la compagnie de bateau Eduardo.
« Lagunas-Iquitos : hoy no hay » : message le
plus déprimant que je connaisse.
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Maisons sur pilotis
près du port. Un chemin de planches très long et très casse-gueule
y conduit. |
Sur le chemin, tout le
monde nous reconnaissait et nous saluait chaleureusement, avec une
certaine compassion parfois. Et aujourd'hui, dans le récit de voyage
que je suis en train de lire (Europe de l'est dans les années 50),
je suis tombée sur la phrase suivante : « (…) nous nous
sommes retrouvés à la sortie de la ville avec quantité d'étrangers
qui nous connaissaient - c'est ça être étranger. ».
Comme quoi il y a des choses qui ne changent pas.
Pour nos autochtones
salueurs, nous étions probablement « les 2 gringos
maigrichonnes qui se languissent du bateau et arpentent la rue
principale 6 fois par jour ». Un aller-retour le matin pour
aller voir les horaires du bateau, un autre à midi pour déjeuner,
un dernier en fin d'après-midi pour consulter de nouveau (avec un
désespoir croissant) l'ardoise de la compagnie Eduardo et
éventuellement dîner.
La bouffe parlons-en...
Pendant une semaine on n'a
pas vu la couleur d'un légume : un vrai régime de diarrhéique
(manquait plus que le Coca) à base de riz, œuf, poisson ou poulet,
le tout accompagné inlassablement de bananes vertes bouillies. Je ne
suis pas difficile et très ouverte au point de vue culinaire, mais
alors là...il n'y a qu'un adjectif : c'est dégueulasse, ces
« plátanas »
vertes (tiens ! Encore un faux ami ! Quid es de l'espagnolo facilo ?)
à peine cuites. Pâteux, sans saveur, notre jugement est sans
appel. Dommage, parce que quand c'est frit (cf post précédent) ou
passé à la poêle juste un peu plus mûr, c'est pas mauvais du
tout.
Heureusement, pour
rattraper un peu le tout il y avait quelques vendeuses de fruits
exotiques dont j'ai oublié le nom mais pas la saveur. Et une dame
qui en faisait des boissons (refrescos, pas du jus pur mais mélangé
avec de l'eau et du sucre) juste à côté de notre hôtel. Elle
aussi s'est habituée à notre passage triquotidien.
FINALEMENT, au bout de
deux loooongues journées agonisantes, la nouvelle de l'arrivée du
bateau le lendemain aux aurores (tant qu'à faire) a été accueillie
comme le Messie.
Nous avons déménagé
dans un hôtel juste en face de l'embarcadère pour être sûres de
ne pas le louper.
Du balcon,
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Anne ma sœur Anne, ne
vois-tu rien venir ? |
le spectacle de la vie
portuaire était fascinant.
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struggle for plátanas |
On
nous a expliqué que le village souffrait d'une pénurie de bananes
(difficile à croire !), d'où
la ruée sur la barque apportant la marchandise tant convoitée
(j'aurais dû filmer).
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le « Romantico » qui vient livrer des poulets (entassés
vivants dans les cageots que vous voyez au premier plan) |
Le « Elmer » tant
attendu est arrivé avec seulement 1h de retard, plein comme un œuf.
Nous avons eu un mal de chien à trouver une place pour nos hamacs,
juste à l'endroit où ça
mouillait quand il pleuvait.
Autant vous dire qu'on
n'a pas fermé l’œil pendant les 25h de trajet. Les gens, tout
sauf respectueux de l'espace et de la tranquillité d'autrui, nous
bousculaient à chaque passage et faisaient un concours de « qui
mettra son transistor le plus fort » (j'aurais bien fait une
distribution de lecteurs MP3 à tout ce petit monde là), et ce dès
4h du mat. Une véritable cacophonie, entre la musique traditionnelle
et les pouffiasseries commerciales.
Épuisées mais heureuses,
nous arrivions enfin à Nauta, à 1h de minibus d'Iquitos (ça nous
évitait 8h de bateau en plus)...
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saut dans la
bouillasse
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… où
il ne nous restait plus que 24h à passer avant notre avion pour
Lima, autrement dit avant la fin du voyage. C'était ça le plus
rageant à Lagunas, le fait de savoir que ces journées à ne rien
faire étaient autant de temps perdu à visiter Iquitos et ses
environs.
Il a crachiné toute la
journée, ce qui ne m'a pas empêchée de beaucoup aimer la ville,
créée vers 1750 par des missionnaires jésuites.
Ce que j'ai préféré, ce
sont les bords de l'Amazone.
Architecturalement
parlant, c'était assez surprenant. Pas mal de beaux bâtiments en
faïence à l'image de celui-ci
et surtout, incroyable
mais vrai, sur la Plaza de Armas trônait la « Casa de
Fierro », œuvre de Gustave Eiffel importée en pièces
détachées dans les années 1890 afin d'embellir la ville, en plein
boom du caoutchouc.
La photo suivante ne représente pas une
merveille architecturale mais pour moi, ça relève du surnaturel,
ici en pleine jungle :
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Malheureusement,
c'était fermé mais un retraité français vivant à Iquitos depuis
8 ans nous a raconté que l'Alliance donne des cours à l'université.
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Avec bonheur, nous sommes
revenues à une nourriture plus variée
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cecino a la Loretana :
sauté de porc fumé aux LÉGUMES (youpi !!!) servi avec du cœur de
palmier râpé et un légume non identifié mais immangeable
tellement il était pas mûr et pas cuit. |
arrosée de nourrissant
jus d'agave.
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Le fruit en soi n'est
pas terrible, assez farineux et pas sucré (ça ressemble à de la
patate douce cuite), mais en jus... un délice. |
Voilà. Nous voilà
maintenant dans l'avion du retour, et ce que je peux dire, c'est que
je n'ai pas envie de rentrer... Je serais bien restée bosser à
l'alliance d'Iquitos ou d'Arequipa. A bon entendeur...