29 juin 2011

126.Le Ratanakiri, ou le Far Est cambodgien

Mon voyage se plaçant sous le signe de la spontanéité, j'ai décidé de faire un petit crochet pas du tout prévu par le Cambodge (je pensais me rediriger directement vers la Thaïlande). Je croyais avoir vu le principal l’année dernière (cf posts 54-59): pensez-vous, j’étais passée à côté de toute la partie sauvage et de la côte. J'ai donc accompagné Fanny dans le Ratanakiri (rien que le nom m'inspirait, me rappelant la vache hilare) tout au nord est du pays (sortez vos atlas... ou google-mappez moi ça): quelle aventure. Dans le bateau nous avons parlé de nos plans avec tellement d'enthousiasme à nos voisins, Nono l’Américain (déjà rencontré à Luang Prabang) et Cédric le Franchouillard que ceux-ci ont décidé de changer leur itinéraire et de nous suivre. Tant mieux car nous étions les seules à nous diriger dans cette direction!
Le passage de la frontière a été éprouvant, puisqu'on essaie comme d'hab de te soutirer un max de dollars. Horripilant.

dommage, on ne voit pas d'ici l’intérieur du bâtiment, qui n'est autre qu'un wagon de train désaffecté !

Tous les prétextes sont bons pour te faire payer : 1 dollar pour prendre ta température, 1 dollar pour le premier tampon, encore un dollar de plus parce que c'est le week-end (?!), et le pompon, c’était quand même la pénalité si tu n'avais pas de photo d’identité à donner : ils te demandent 2 dollars, mais ne font même pas de photo !!Heureusement, j'en avais d'avance, mais je me demande ce qu'ils font de toutes les photos qu'ils récupèrent. Des confettis, un grand collage avec toutes les faces des pigeonnés ?!
Ensuite on a eu droit à d'interminables heures d'attente à Stung Tren (ville sans aucun intérêt), le bus pour Banlung (notre destination) ne passant qu'une fois pas jour. L'ennui a poussé ce pauvre Cédric à tenter une expérience culinaire locale

criquets ?

Je ne suis pas encore prête pour Koh Lanta.

pendant que je gagatais devant une future star des arts martiaux.



Après être arrivé avec 2 heures de retard, le bus n'a pas trouvé mieux que crever (failli m'encastrer la tête dans le plafond) 10mn plus tard, ce qui n'a rien arrangé à notre timing.

vous voyez je ne mens pas

Le trajet fut épique, la route n’étant pas goudronnée: la terre rouge passait à travers le système de ventilation et venait nous polluer les voies respiratoires. Je me suis fait un masque avec mon foulard (toujours le même), ce qui a déclenché l’hilarité de mes petits voisins. De toute façon, quoi que je fasse, ils étaient morts de rire. Le touriste est un animal de foire dans cette contrée reculée.
Le meilleur c'est la pause pipi dans les champs en pleine nuit: c'est là que tu te félicites d'avoir investi dans une lampe frontale et que tu regrettes de ne pas être un homme et de n’être (exceptionnellement!) pas en robe.
Bref, 14h de voyage en tout pour faire 150km à vol d'oiseau (je n’exagère même pas, je viens de faire une estimation sur Google Map)... mais l'essentiel est que nous ayons réussi à rallier Ban Lung avant le milieu de la nuit.
On s'attendait à un petit village, mais pas du tout: c'est est une vraie ville! C'est juste qu'elle n'est pas touristique du tout, on se croirait dans le Far West, avec ses grandes rues souvent vides.



Et la pauvreté est tout de suite visible ici.



Où est Charlie ?!

Les gars, beaux comme des camions neufs dans leurs capes de pluie.


LA chose à voir dans les alentours de Banlung, c'est le lac Yeak Lom, accessible en un coup de mobylette ou de vélo. Son origine est incertaine. Il résulte probablement de l'impact d'une météorite il y a 700 000 ans. On a été un peu déçus par la couleur de l'eau en arrivant, car ce n’était pas le bleu céruléen de la saison sèche.



Mais il a suffi d'attendre un peu pour s'apercevoir que la saison des pluies a aussi son avantage. L'averse que nous nous somme prise a été enchanteresse, mais vous n'aurez pas de photos

à part celle-ci

car nous n'allions pas risquer la vie de nos appareils photos pour quelques beaux clichés. On l'a vue arriver lentement vers nous de l'autre bout du lac, un peu de brume est tombée, bref, on se serait crus en Écosse. D'ailleurs, les légendes à propos de monstres sous-lacustres abondent.

prêtes à affronter le monstre


J'ai cru que j'allais faire un infarctus lorsque ce couillon de Cédric m'a attrapé la jambe en plongeant. On a nagé sous la pluie jusqu'au milieu du lac, renonçant en cours de route à notre ambition de le traverser. On avait un peu sous-estimé les distances. 800 mètres aller et la même chose au retour, ça aurait fait un peu beaucoup !
Le lendemain, nous sommes partis pour un trecking de 2 jours organisé par notre guest house. On aurait du mieux se renseigner avant de réserver : seule l'agence officielle est autorisée à rentrer dans le parc national. Les autres doivent se cantonner aux territoires autour.
On n'a rien vu d'extraordinaire au niveau des paysages, mais l'ambiance dans le groupe était très bonne (avec un Belge de service pour faire des blagues),

3 Français, 2 Québécoises, un Belge et un Américain (heureusement -pour lui- francophone)... photo prise avec le retardateur, avec l'appareil accroché dans un arbre !

et les guides impressionnants par leur débrouillardise.
Ils nous ont préparé un festin du tonnerre, avec de la soupe cuite à même le bambou



et même du poisson qu'ils venaient de pêcher dans la rivière !

ma première (et ptêt bien dernière) nuit dans un hamac

notre piscine/baignoire naturelle près du camp, avec une liane pour jouer à Tarzan

tout nu et tout bronzé : l'influence du bon Carlos jusqu'au fin fond du Cambodge

Après un petit saut à Kratie

ville très peu touristique avec un petit côté apocalyptique: le marché a brûlé il y a quelques semaines

pour observer les dauphins d'eau douce

il en reste moins d'une centaine de cette espèce (Irrawaddy)

est venu le moment de quitter mes petits camarades...


dernier coucher de soleil au bord du Mékong avec Fanny...

Ils se dirigent tous vers Siem Riep (nord-ouest) pour voir les temples d'Angkor, mais moi, je connais déjà... C'est donc de nouveau toute seule que je continue mon périple vers la côte.

19 juin 2011

125. Les 4000 (-3997) îles, ou l'apathie à l’état pur

Les 4000 îles... le nom fait rêver, on s'attend à un paradis sur terre, là-bas, à l’extrême sud du Laos. Mais ne nous emballons pas trop vite. Déjà c'est pas dans la mer mais dans le Mékong, donc la baignade, tu oublies, et l'eau bleue, c'est seulement sur les photos... et pendant la saison sèche, peut-être, pas quand la brouillasse est ramenée par les pluies.
De plus, le nom est mensonger, ou alors on ne doit pas avoir la même notion de l’île. En réalité, elles sont loin d’être toutes habitées (pas réussi à trouver le chiffre exact), seules 3 sont visitables, bref, la majeure partie ne sont que des cailloux dépassant de l'eau avec quelques buissons dessus. Des îlots, à la rigueur.

Ça ne m’étonnerait pas que ces 6 rochers soient comptabilisés comme des îles.


Des 3 îles accessibles aux touristes, nous avons commencé par la plus grande, Don Khong, censée aussi être la plus calme. Ah ben ça... niveau calme, nous n'avons pas été déçues. Les guesthouses en enfilade le long de la route principale étaient vides (on avait l'embarras du choix) ou fermées, et à 20h23 (je me souviendrai probablement de cette heure toute ma vie tellement le traumatisme a été grand), nous avons été tout bonnement virées de la terrasse de la nôtre, qui fermait. Et là, à part s’épiler les pattes à la pince à la lueur de la lampe de chevet, faire du tri dans ses photos, entamer un nouveau bouquin, ou aller se coucher...

au moins, nous nous sentions les bienvenues dans notre chambre. C'est déjà ça.

C'est là qu'on a vraiment regretté de ne pas avoir de jeu de cartes.
Mais pour une fois, au moins, les locaux gardaient leur rythme, qui est de se coucher et de se lever tôt (très judicieux, car les heures après l'aube sont les plus supportables niveau chaleur... donc les plus productives). Dans les endroits plus touristiques, les commerçants calquent leur rythme sur celui de l'envahisseur. Pour une fois, c'est nous qui avons dû nous adapter et c’était pas plus mal.

Passons maintenant au positif (mais c'est que je suis en train de me teutonniser, moi!!) : le coucher de soleil sur la terrasse fut splendide et l’île est très belle, encore authentique car pas (encore) dotée d'infrastructures touristiques à part le périmètre autour de l’embarcadère. J'en ai fait le tour à vélo avec Fanny (boucle de 38 km en 2 ou 3h, je vous rassure c’était plat et pour une fois le soleil ne tapait pas),

avec un engin pareil, on ne peut qu'accomplir des prouesses, n'est ce pas Tata (pas celle à la robe, l'autre aux longs bras) ?

Cette balade nous a permis de mieux comprendre le surnom de la région : le pays des mangeurs de lotus.





Fanny avec son gros zoom a pu en prendre de très près.

Je voulais goûter mais je n'en ai pas vu l'ombre sur une carte... Ça doit faire partie de ces nombreuses choses qui ne sont pas traduites (le meilleur en général, le touriste n'ayant droit qu'au « fired rice »et autres banalités culinaires approximatives)

Les villageois nous saluaient tous chaleureusement (ils ne doivent pas voir passer beaucoup de monde en cette saison), les enfants en particulier, c’était réjouissant.

Ça, c’était avant la descente de la pente et l'atterrissage dans le tas de foin.

Les paysages étaient similaires à ceux de la veille dans le coin de Champasak mais on ne se lasse pas.



Le lendemain, départ pour Don Det, la soi-disant la « bagpacker island » où la fête bat son plein tous les soirs... pensions-nous. Nous nous imaginions déjà migrer dans le sud de l’île pour échapper à la musique et aux hordes de djeunes cools du centre névralgique, l’île étant censée être un Vang Vien bis. Pensez-vous... 2 pèlerins qui se battent en duel, et couvre-feu à 23h, ce qui est toujours mieux que 20h23, me direz-vous.

Niveau orientation, ça allait, on ne risquait pas trop de se perdre. D'un côté le Sunset Strip, de l'autre le Sunrise Boulevard

que voici. Noms bien pompeux pour des chemins de terre !

C'est tout.
Nous nous sommes décidées pour des bungalows (très rudimentaires mais aussi très peu chers) côté ouest, vu que notre rythme nous permet rarement de profiter du lever de soleil.

Vue du balcon

en attendant le coucher de soleil...




Après une fatigante balade à vélo

quelques touk touk à disposition sur l’île pour les fainéants de la pédale.

jusqu'aux chutes



de l’île voisine, Don Khone (à ne pas confondre avec sa grande sœur Don Khong), accessible par un pont payant (évidemment),



on espérait une baignade rafraîchissante dans un magnifique lagon bleu. Résultat : on s'est retrouvés à patauger dans un Mékong marron, tiédasse et plein de bestioles...
Vive la saison des pluies.

Ma théorie selon laquelle plus on va vers le sud du Laos, moins les gens en font, s'est confirmée.
Je voulais faire du canoë avec mes petites camarades québécoises, on était prêtes à payer 20 euros la journée chacune (une somme ici): not possible, too much things to do tomorrow“. La flemme, oui...
Au 4000 Island Bar (je me demande combien d'heures ils se sont creusé la tête pour le baptême de ce lieu de rassemblement de la population touristique de l’île où, le soir, il peut y avoir jusqu'à 20 personnes !), je me faisais une joie à l’idée du bucket de mojito : sorry, no more mint! Ça n'aurait pas effleuré l'esprit du patron, pourtant occidental (mais apparemment bien laotisé), d'aller en cueillir dans le buisson en face. Tiens tiens, ca me rappelle une sombre histoire de banana shake...
Le meilleur, c’était lors d'une coupure d'électricité (phénomène courant -ah ah ah- au Laos, quotidien sur les îles): on commande exprès des plats froids, le serveur (la serveuse?) lady boy, le fond de teint dégoulinant, nous dit de sa grosse voix: sorry, no electricity, it take one hour. Nous répliquons qu'il n'y a pas besoin d'électricité pour faire 2 sandwichs et des rouleaux de printemps: rien n'y a fait, il (elle?) est resté(e?) intraitable: „one hour, one hour“. Il (elle?) voulait surtout finir de déjeuner en paix, oui... Ce qui nous a vraiment déçues, c'est que la plupart des commerçants sont renfrognés, voire pas aimables du tout. Qu'ils n'aient pas envie de travailler, je peux comprendre, mais un sourire, ça ne coûte rien...
Heureusement, nous avons trouvé THE endroit, le Pool Bar (qui mérite doublement son nom, vu les volatiles qui traînent devant, voire dedans), où le gérant est non seulement sympathique mais efficace ET parle bien anglais (ça relève du miracle): en 15 minutes, nous étions servies (plats chauds, tout ce qu'on voulait, sauf ce qui nécessitait un four), et ce malgré la coupure de courant.
Chapeau. Malheureusement, c'est l'exception qui confirme la règle.
Dans cet environnement, je ne devrais pas m’étonner de faire régulièrement des chutes de tension. Sans rire, dès que je rassemble un peu d’énergie pour me lever, paf, tête qui tourne.
Franchement, ça motive pas, déjà que j'ai du mal à me bouger comme ça.
Il est temps que je quitte le Laos avant de tomber dans le coma.

PS : On ne dirait peut-être pas, mais j'ai quand même beaucoup apprécié mon séjour au pays de la nonchalance !! Je tenais à le préciser. Mais si j'y retourne, ce sera en haute saison.

18 juin 2011

124. Bas Laos + basse saison  = chute de tension

Et on continue vers le sud... le Laos étant ni plus ni moins un couloir, soit on le descend, soit on le remonte (mais la plupart optent pour la descente), et c'est la raison pour laquelle on croise très souvent les mêmes personnes. Les probabilités sont bien plus grandes qu'en Thaïlande par exemple où les possibilités de bifurcation sont multiples.
C'est ainsi que nous sommes retombées sur nos petites Québécoises de Luang Prabang (il y en a beaucoup en cette période de vacances intersemestrielles) en arrivant à Paksé. Elles causent bizarre mais sont très gentilles donc on les tolère, voire on les aime bien.
Ensemble, nous avons tenté d'explorer le Bolaven Plateau, (ou Boloven Plateau ou Boliven Plateau, on n'est pas à une lettre près ici)



haut lieu de la culture du café. Première étape un peu décevante à Tad Lo : la principale attraction de ce lieu isolé, ce sont des chutes... qu'on nous dissuadées d'aller voir car ce n'est pas la saison (no water). A défaut de voir des chutes, j'en ai fait une moi-même... de tension. On a passé la majorité de notre temps à bouquiner dans le hamac de notre bungalow, ce qui n’était pas désagréable.


photo prise en repartant. Au fond, on devine notre bungalow avec vue sur la rivière. Je me suis baignée dedans avant de m'apercevoir que l'eau de notre salle de bains s’écoulait... à 5 mètres.

Pour vous donner une idée de la ruralité du lieu :



On a eu une fausse joie avec le «bar » (la cabane, quoi) qui se targuait d'organiser des « movie nights » : toutes excitées, nous demandons quel est le film du jour, réponse : « no movie, DVD broken ! »
Bon ben c'est pas grave, on va passer la soirée à boire des fruit shakes au bar-restau de notre guesthouse. On n'est pas contrariantes, mais on a commencé à ressentir une légère frustration : après le « sorry no more papaya » et le « sorry no more pineapple » (je précise qu'il n'y avait que 3 fruits au choix sur la carte), on a eu droit à l'inoubliable... « sorry no more banana ». Non mais franchement : il suffisait d'aller en cueillir dans l'arbre à 10 mètres. Du surréaliste. Comme si on vous disait « kein Bier mehr » en Allemagne.

Vu la pluie qui s’annonçait et la médiocrité des transports (enfin surtout des routes), nous avons décidé de couper court à notre exploration du Bolaven Plateau et de continuer vers le sud, avec un petit arrêt à Champasak.
 
quand je vous dis que c'est folklo les transports en commun... et encore, on ne voit pas les poules qui caquettent et les sacs de riz entre lesquels nous essayons de trouver une place pour nos jambes toutes engourdies par le manque de mouvement.

La ville est renommée pour ses temples (un petit Angkor laotien). J'ai adoré le spectacle du paysage lors du trajet d'une heure à vélo (heureusement il soufflait une agréable petite bise).





Quant au site en lui-même, quand on a vu Angkor avant, forcément, c'est pas très impressionnant. J'ai le chic pour faire les choses dans le mauvais ordre, par exemple commencer la plongée à la grande barrière de corail...
Ceci dit, j'ai bien aimé l’atmosphère paisible





travaux de rénovation chaperonnés par divers pays occidentaux

A la guesthouse nous avons d'ailleurs rencontré 2 tailleurs de pierre français envoyés en mission, arrivés bien motivés pour s'entendre dire « sorry no stones» (ce qui est fâcheux quand même pour des tailleurs de pierre) et qu'ils doivent se démerder pour en trouver.

Sur ce... sorry no more energy tonight.. la suite au prochain épisode.

09 juin 2011

123. Vientiane, petite France

Quelques heures de bus plus tard, nous voilà à Vientiane, la capitale.
Pour la première fois au Laos, j'ai l'impression d’être dans une vraie ville!
Que vous me croyiez ou pas, je n'avais, jusqu'ici, rien trouvé qui s'apparente à un supermarché, ni même à une moyenne surface. Partout ailleurs, même à Luang Prabang, il n'y avait que des petites échoppes avec quelques produits, les soi-disant « Minimart » (non, ce n'est pas une faute de frappe!), où les prix ne sont pas si élevés qu'on pourrait le craindre mais où le choix est plus que restreint.
Pas de 7 Eleven ici (alors qu'en Thaïlande on en trouve jusque dans les coins les plus reculés), ni même de Mac Do (ce dont je ne me plaindrai pas). Un des derniers pays de la planète à résister a l'invasion... (pour combien de temps encore?)
J'ai donc été agréablement surprise de tomber sur un petit supermarché à Vientiane. Ceci dit, je n'y ai toujours pas trouvé de démaquillant... Tant pis, je continuerai à enlever mon mascara avec ma crème hydratante au Q10 dont je n'ai absolument pas l’utilité vu l’humidité. Faire avec les moyens du bord... (ou plutôt du sac à dos) c'est une chose que j'aurai apprise pendant ce voyage. Mais renoncer à toute coquetterie... jamais de la vie !

Vientiane n'a certes pas le charme de Luang Prabang, mais la ville n'est pas désagréable... J'y aurai fait des kilomètres à vélo, avec mes allers-retours intempestifs au consulat thaï pour obtenir mon visa de 2 mois que j'aurai bien mérité (surtout quand tu pédales en grenouille sur un vélo 2 fois trop petit pour toi).
Sur le chemin, impossible de louper le Patuxay

arc de triomphe à la mode laotienne

au bout d'une grande avenue qui n'a ceci dit pas grand-chose en commun avec les Champs Elysées.

vue d'en haut (qui se mérite elle aussi, vu la chaleur)

Puisque j’étais lancée, j'ai continué ver le nord de la ville pour visiter le Pha That (prononcer patate) Luang, fierté nationale.



Bien sur, on ne profite pas impunément de la si belle luminosité d'un ciel gris : la saucée qui a suivi fut mémorable (mais rafraîchissante, ceci dit).
Comme à Luang Prabang, il y a quelques très bonnes pâtisseries où on peut aller se rafraîchir ou se sécher (selon les caprices du temps).
Mais surtout... de très bons restaus français où se remplir la panse à des prix défiant toute concurrence (et ca, il n'y a pas à Luang Prabang) : c'est à Vientiane qu'on peut déguster la cuisine française la moins chère du monde, parait-il !! Je ne pouvais donc pas louper ça.
Mon choix s’était porté sur„chez Philippe“ (censé proposer les plats les plus originaux). D'après le guide, c’était au-dessus d'une épicerie fine juste à côté du Joma Café, bref, pas moyen de se tromper. Sauf que je n'ai rien vu. Je rentre dans l’épicerie, je demande à un employé qui me regarde avec des yeux ronds. Habituée, je dégaine mon Lonely Planet et montre le nom et l'adresse avec mon gros doigt. Les employés, très serviables, se mettent à 3 pour essayer de de déchiffrer.
L'un d'entre eux semble être frappé d'un éclair de lucidité et m’emmène au fond du magasin, le pas décidé (chose rare chez un Laotien). Je me dis „aaah, ça doit être une entrée secrète seulement pour les connaisseurs“. Il s’arrête, l'air victorieux, devant... le stand d'ampoules et piles Philipps.
J'ai capitulé et me suis rabattue sur le Vendôme qui faisait du coq au vin à 2 euros (formule qui change chaque midi). Comme il n'y en avait plus, j'ai pris des

aubergines confites fourrées aux fruits de mer et flambées au whiskey

et je peux vous assurer que pour 5 euros, les portions ne sont pas « nouvelle cuisine ».

On pourrait craindre, vu le prix, que le cadre soit du genre cantine... eh bien non, c'est un beau resto bien classe. Loin de moi l’idée de vous narguer...
A propos, je vous annonce victorieusement que j'ai ENFIN réussi à prendre ce satané cours de cuisine laotienne (que j'avais dû annuler 2 fois à Luang Prabang pour des raisons de santé), mais je ne vous raconterai pas... j'ai la flemme !

02 juin 2011

122. Tubing or not tubing ? Vang Vien, ou djeunes-city

Ne pas dire qu'on n'aime pas avant d'avoir essayé... j'ai été une fifille obéissante et suis quand même passée à Vang Vieng sur le chemin de Ventiane, après un trajet plus que sinueux (quand un obèse se met a éplucher des œufs durs noirs sur le siège devant toi, et que le petit jeune homme derrière vomit tripes et boyaux, ça n'arrange rien) dans un bus local.
Pour ceux qui ne connaissent pas la réputation de la ville: c'est une „party destination“ incontournable pour les jeunes bagpackers qui visitent le Laos, l'alcool coule à flot et à moindre prix, les substances illicites courent ostensiblement les rues en toute impunité... mais le cadre est idyllique.
Un mélange entre Las Vegas pour le côté ville-champignon poussée in the middle of nowhere, et Amsterdam pour les drogues.
La ville a été à la hauteur de nos attentes pour les paysages, à celle de nos craintes pour le reste.
A défaut de tester le fameux tubing, nous sommes allées l'observer. Le principe est simple: il s'agit de se laisser dériver dans la rivière dans une grosse bouée, en se bourrant la gueule au passage dans les bars sur la rive.
En haute saison, ça doit être une toute une ambiance, mais en basse saison... c'est un peu pathétique. Deux tubeurs qui se battent en duel, la majeure partie des bars fermés, idem pour les activités adrénaline (comme les tyroliennes-swing).


un « tubeur » dont la seule compagnie est sa canette de bière

Le soir, des touk touk remontent en ville les « tubeurs » titubants (des jeunes Anglais de 20 ans, principalement) encore en maillot de bain et les déposent directement devant le Q-Bar



qui passe en boucle des vidéos de tubing tournées en haute saison et de la musique de merde (du genre « tonight is gonna be a good night ») histoire qu'ils soient pas trop dépaysés.

En ce qui concerne le paysage urbain : une enfilade de bars qui se ressemblent tellement qu'ils ont tous le même menu. Équipés de confortables coussins, ils passent en boucle des épisodes des Simpsons, Family Guy et Friends (si j'ai bien compris le programme n'a pas changé depuis des années)... ceux qui sont fatigués du tubing peuvent s'y avachir pour récupérer un peu...


j'allais oublier de mentionner l'uniforme de tout bon tubeur qui en a marre d'exhiber ses pectoraux: le fameux tee-shirt « in the tubing Vang Vien »


On y sert des happy pancakes, des happy pizzas, de l'opium, des champignons qui ne sont pas de Paris...




Petite info linguistique : ici, « space » et « special » sont des synonymes de « happy »

On ne s’étonne donc pas de croiser en pleine journée dans la rue des jeunes hommes torse nu, le regard vitreux, qui se grattent allègrement les couilles la main dans le short comme s'ils étaient chez Mamie...

Et nous, dans tout ca ? Entre l'une qui n'aime pas la bière et l'autre qui ne supporte plus l'alcool depuis sa mésaventure intestinale, on fait la paire.
Tata Mélanie et Mamie Fanny sont parties explorer les alentours à bicyclette (3 jours après, j'en ai encore les fesses et les cuisses vermoulues) et n'ont pas été déçues.




Qui peut me dire comment enlever ces maudites taches de ma lentille??!






Le deuxième jour, je me suis loué une mobylette (j'aime le sport... mais pas quand c'est fatigant),


en cas de pépin, le garage local est là...


et ai slalomé entre les pierres, les poules et les vaches


la terreur des bovins

pour retourner faire trempette dans le « blue lagoon » (qui rime avec gougoune, tongue en québécois)


qui est davantage vert que bleu en ce moment

Heureusement que nous avions été prévenues de l'existence de faux lagons bleus dans les alentours du vrai... Notre ami québécois s'est bien fait avoir et a payé 10 000 kips (1 euro, quoi) pour voir... un marécage. Car tout est payant dans ce pays : l’entrée des temples, des sites naturels, la traversée du moindre pont...
Je pense avoir compris la stratégie des Laotiens : c'est celle de l'effort minimal. Faire payer le touriste rapportant gros et ne nécessitant aucun effort, ils y vont gaîment... Par contre, pour préparer un plat un peu compliqué (ou aller chercher l’ingrédient manquant chez le voisin), il faut dépenser un peu d’énergie... donc autant envoyer bouler un touriste affamée en lui disant « sorry, no have » ou «sorry, close ». Et continuer sa sieste.
Je ne reviens donc pas sur mon impression du premier post laotien. Qu'il ne faut surtout pas prendre pour un jugement : étant moi-même rendue complètement apathique par la chaleur (bien humide, frisant l'insupportable), je ne leur jetterai pas la pierre... D'ailleurs, l'une des phrases que l'on prononce le plus souvent dans la journée, c'est «pfff... j'ai la flemme... ».
Vous comprendrez donc mieux mon retard dans la publication de mes posts.