31 décembre 2011

Mamma j'ai presque raté l'avion, ou comment j'ai failli ne pas arriver à Trapani

Vendredi 30 décembre 2011

Maudite soit l'huile de gentiane. Vous en ignoriez l'existence ? Moi aussi, jusqu'au jour où l'ami Romain m' a annoncé deux jours avant le départ qu'il ne pourrait pas venir avec moi en Sicile parce qu'il avait fait une forte réaction allergique à ce *** d'additif (gonflement, plaques rouges, bref, Quasimodo)
Conseil : avant de boire du vin de noix artisanal chez votre voisin, allez consulter votre allergologue, ça vous évitera de foutre en l'air vos vacances... et les miennes. (sans rancune, Elephant Man)
Après moult tergiversations, j'ai décidé de partir quand même toute seule. Ce n'est pas que ça me faisait peur, mais après presque 5 mois de voyage en solo cette année, je n'avais rien contre le fait d'avoir un peu de compagnie cette fois-ci.
J'aurais mérité une médaille lors de mon arrivée sur le sol sicilien.
La SNCF étant ce qu'elle est, je suis arrivée à Paris avec 1h30 de retard (tout ça pour... un problème de fermeture automatique des portes, cette fois-ci. Ça a le mérite d’être original). Comme toujours, j'avais heureusement prévu large, donc j'ai réussi à choper le bus pour l’aéroport de Beauvais... qui a crevé au milieu du trajet, avant de faire boum contre une voiture téméraire en pleine autoroute (seulement un rétro cassé, ouf, mais un arrêt de plus)...
Malgré l'acharnement du destin, j'ai eu mon navion pour Trapani. Il ne s'est même pas écrasé. Le destin n'est pas conséquent.
A l’arrivée, brutale déconvenue : malgré les palmiers, il ne fait pas plus chaud que chez nous. On se les pèle grave, comme dirait certaine que je ne dénoncerai pas ici.
A part ça, tout va bien. Puisqu'en ce moment, les couch surfeurs ne sont pas chez eux, j'ai trouvé un adorable hôtel en plein centre historique (albergo Messina, pour ceux que ça intéresse) (merci le Routard) Un peu vieillot et plein de caractère comme j'aime.
Le porche et la cour intérieure m'ont conquise d’emblée.

Luminosité de merde mais j'ai pas réussi à faire mieux pour l'instant.


la porte d’entrée au 2e étage de ce beau bâtiment

A la sortie, l’inévitable Padre Pio vous souhaite bonne route.


Je ne le connaissais pas avant de venir en Italie où il est omniprésent. Pour ceux qui ne savent pas : il a été canonisé après s’être réveillé avec des stigmates, au début du siècle...

J'ai passé la journée à arpenter les rues et le lungomare entre 2 averses, pendant lesquelles je me réfugiais dans un café qui propose le wifi.

Verdict : encore une ville très sympathique. Petit diaporama.
Voici la piazzetta Nettuno avant la première averse.



Dans la via Garibaldi,


au bout de laquelle on a vue sur les collines

et sur un joli sapin

j'ai bien fait de m'aventurer sous ce porche avenant :



un sympathique jeune homme m'a fait visiter une magnifique bibliothèque.

La même rue sous la pluie (à droite) :



tout à gauche, les arcades qui abritaient l'ancien marché aux poissons

Sans oublier le lungomare et sa plage d'algues fines (à défaut de sable)

d'un côté

de l'autre

Je sens que certains piaffent en se demandant si la rubrique culinaire va bientôt arriver. Voici mon couscous de ce soir. Eh oui, on sent vraiment l'influence de l'Afrique du Nord au niveau culinaire. Tous les restaus proposent du couscous de poisson.

j'ai opté pour celui aux légumes parce que je n'avais plus du tout envie de poisson après mes calamars farcis du midi (dont la photo n'a pas rendu du tout). Semoule extrafine comme on l'aime.

J'ai terminé la soirée au cinéma qui proposait un seul film, italien bien sûr.
L'affiche tient ses promesses :



j'ai rarement vu un tel navet. Mais au moins, j'ai à peu près tout compris et j'avais pas mal au crâne en sortant.
Je n'en attendais pas plus.

Quant à ceux qui attendent toujours les derniers posts de mon voyage de septembre en Italie du Sud... patience, ils pourraient venir... ça dépendra de mon degré de désœuvrement ces prochains jours.

Samedi 31, midi

(…) Vous risquez de devoir attendre car je viens d'apprendre que je peux m'incruster ce soir chez un restaurateur à Marsala !!!
Vive le couch surfing.

22 septembre 2011

136. Les cabris c'est fini, et Bari c'est joli

Après 12 jours de bons et loyaux services à la fromagerie calabraise, il était temps de mettre les voiles si je voulais encore fait le petit rote-tripes que j'avais prévu dans les Pouilles avant de reprendre mon avion. Non mais franchement, je me demande qui est le terminologue italophobe qui a traduit ce nom de région. Si mélodieux en Italien (Puglia, avec un « l mouillé »), et si... crasseux dans notre pas toujours si belle langue.
Première étape: Bari. Le destin est un cruel petit plaisantin: devinez à quelle heure partait le seul et unique bus de la journée? A 5h25... du matin, comme s'il avait lui aussi du fromage à faire. Le pire, c'est que j'ai failli le rater car il est parti 5mn en avance. Il n'aurait plus manqué que je me sois levée pour rien...
J'ai été récompensée de mon sacrifice par un magnifique lever de soleil sur la mer ionienne.


en direct du bus


quelques minutes plus tard...

Vous n'allez pas me croire, mais c'était mon premier (sur la mer, en tout cas). Les couchers de soleil, j'en avais presque fait une over-dose pendant mon voyage en Asie, mais dans l'autre sens, c'est pas mal non plus... voire encore mieux.
Arrivée à 9h30 à Bari, j'ai eu la journée entière pour découvrir la ville que les Calabrais, mauvaises langues, m'avaient décrite comme absolument indigne d'une visite (en un mot: moche). J'ai bien fait de ne pas les écouter: je suis tombée sous le charme.
J'ai arpenté les ruelles de la vieille ville sous une chaleur de plomb qui m'a à peine dérangée: mes 4 mois d'Asie en saison humide m'ont immunisée. Qu'est-ce qu'une chaleur sèche après ça! A la ferme tout le monde se lamentait « che calore, je meurs! » et moi: « ah bon, il fait chaud? ». Et puis qui dit chaleur dit en général ciel bleu azur: je crois que j'ai vu la ville sous son plus beau jour, j'en ai épuisé la batterie de mon appareil photo, pire qu'une Japonaise devant la Tour Eiffel. Par quoi commencer?
L'arrivée. C'est vrai que la partie nouvelle de la ville n'a rien de spécial, mais c'est la civilisation et après 2 semaines de vie villageoise voire campagnarde, ça fait du bien de la retrouver. Enfin des magasins dignes de ce nom.



arborer un sac à l'effigie de l'un des 7 nains est du dernier chic


Et puis une ville côtière sous le soleil, ça ne peut pas être complètement moche.





Donc, ce centre historique... Inutile de préciser que les Vespa et le linge suspendu y pullulent,



qu'il regorge de charmantes petites cours intérieures,



et qu'on y trouve ces petits magasins dont seule la contemplation de la vitrine vous met l'eau à la bouche.



Mais il y règne une atmosphère de grande ville bien particulière. Difficile à décrire.
Je ne sais pas si les fausses feuilles qui habillent certains balcons


Notez que la plupart des Vespa sont dotées d'une vitre protège-insectes (et vent?)




dégagent des vapeurs hallucinogènes, mais j'ai vu la Vierge, et pas qu'une seule fois. Elle vous attend au fond d'une ruelle,



vous observe du haut d'un mur,



vous guette sous des arcades...




vous surprend quand vous avez l'audace de passer la tête par une porte cochère...




Bref, elle est PARTOUT.
Je me demande si la femme aux orecchiette (littéralement: petites oreilles) ne serait pas elle aussi une de ses incarnations... Sa présence, par contre, est plus localisée, concentrée sur 2 ou 3 rues.
Assise sur une chaise, elle pétrit de la pâte à pâtes (??!) (trouvez-moi une meilleure expression) qu'elle étire en longs et fins boudins.



Elle les tranche ensuite avec son couteau avant de leur donner, en un coup de main, la forme de petites oreilles.
Un petit coup de séchage au soleil,


quelques minutes de cuisson, et hop, elles atterrissent dans mon assiette


Très bon bien sûr mais pas grande différence au goût avec des pâtes normales.


Magique.

Suite au prochain épisode... (avant Noël, c'est promis) (c'est que ça prend du temps de trier les photos) (et surtout que je suis une grosse feignasse, d'accord)

18 septembre 2011

135. Faisons chauffer nos cuissots à Morano Calabro

Je disais donc dans le dernier post que quand j'en ai encore l'énergie après ma sieste et qu'il ne fait pas trop chaud, je descends au village... pour grimper dur ensuite.



Petite visite guidée en photos. Le choix fut cornélien, puisque j'en ai fait en tout plus de 200 toutes plus belles les unes que les autres.
A mon grand tétonnement, c'est aussi classé „une dei borghi più belli d'Italia“: décidément, je suis dotée d'un 6e sens pour le choix de mes fermes. Ça n'a pas le cachet de Torre Alfina (cf posts 91 et 92): c'est plus grand (5000 habitants, quand même!! plus peuplé que Verson-city!!) et moins bien entretenu, moins propre aussi.
D'ailleurs à ce propos j'ai une anecdote qu'Alberto m'a racontée un jour qu'on allait chercher le lait. Un de ses amis de Morano était en vacances en Allemagne dans une maison de location, et a décidé d'aller faire un pique-nique en famille dans un bois. Ces gros dégoûtants, non contents de laisser leurs déchets du repas sur place, y ont aussi laissé leur sac poubelle contenant les ordures ménagères! Bien mal leur en a pris: le lendemain, les flics étaient chez eux pour leur remonter les bretelles et leur fiche une amende. Ils avaient retrouvé dans le sac poubelle une enveloppe avec l'adresse de la location!
Là je dis: bien fait (mais quand même, ils ont pas autre chose à foutre??!!) (si: mettre des amendes de 123,50 euros aux cyclistes qui grillent les feux rouges à 21h15 quand il n'y a pas un chat)
Revenons à Morano: c'est un peu crade en effet (tout étant relatif: c'est pas l'Asie non plus), mais il y a le panorama sur les montagnes roses... et ça c'est imparable.

ça vaut le coup de faire chauffer les cuissots pour voir ça.

en zoomant

On y trouve tout ce qu'on peut espérer de l'Italie rurale et même davantage. En vrac:

-les petits commerces bien du terroir




-des églises qu'on vient ouvrir spécialement pour toi



-les papis sur les bancs qui chuchotent sur ton passage



-les panneaux municipaux qui t'annoncent les décès



(excusez la transition un peu limite)

-la jeunesse du village qui te regarde comme un phénomène de foire

vue du parc qui est leur haut lieu de rassemblement. C'est autre chose que les arcades versonnaises (comprendra qui pourra).

-des ruelles pavées dans lesquelles on surprend des scènes de vie quotidienne








- un château

normand, SVP!



vu de la place de l'église

-des piments qui sèchent


-des vignes isolées



-les mamies et les commerçants qui te demandent d'où tu viens parce qu'une tête nouvelle dans le village, c'est quand même pas tous les jours
-les éclats de voix qu'on entend en passant devant les portes ouvertes: même quand ils parlent normalement, on a l'impression qu'ils s'engueulent
-la musique qui s'échappe des fenêtres: italienne dans 90% des cas
-il gelato artigianale... mamma miam!
-une variété infinie de Fiat



Moi qui ne m'intéressais pas aux voitures jusqu'ici... celles-ci me font presque autant craquer que les animaux et les petits vieux!!


le proprio m'a proposé de lui acheter sa sœur... Heureusement que je n'avais pas assez de liquide sur moi.



Si je ne m'abuse, c'est du Fiat aussi

-et... et … et, surtout, le linge étendu dans la rue entre les maisons, sur les balcons, devant les maisons. Ce n'est pas un cliché des anciens temps: c'est encore d'actualité, et pas qu'un peu. On dirait que les ménagères sont en compétition, comme si du nombre de vêtement exposés dépendait leur valeur de maîtresse de maison.



Ce que j'ai préféré, c'est ce «culottes au clair de lune », sobre mais marquant, digne d'une œuvre d'art.






Les enchères sont ouvertes.

PS: Ayé la vidéo de la traite est chargée! Retournez jeter un oeil au précédent post!